Gays, noirs, hispaniques : de New York au Congrès pour bousculer le statu quo

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Ils sont jeunes, noirs, hispaniques, gays, en passe d'être élus démocrates de New York au Congrès, où ils veulent promouvoir une politique plus à gauche et bousculer les habitudes, y compris au sein de leur parti.

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Le Congrès américain - mark reinstein / Shutterstock

Ils marchent sur les traces d’Alexandria Ocasio-Cortez, socialiste autoproclamée d’origine portoricaine, qui avait battu un cadre du parti démocrate lors d’une primaire new-yorkaise, avant de devenir la plus jeune élue de l’histoire du Congrès, en 2018.

Mondaire Jones, 33 ans, et Ritchie Torres, 32 ans, ont remporté l’investiture démocrate dans leurs circonscriptions et sont quasiment assurés de devenir, en novembre, les deux premiers élus noirs ouvertement gays au Congrès.

« Je ne me présente pas au Congrès pour entrer dans l’Histoire comme le premier élu noir gay, mais j’ai bien conscience du pouvoir de la représentation », explique Mondaire Jones à l’AFP.

Issu d’un milieu modeste, élevé par sa mère, Mondaire Jones n’en a pas moins intégré les prestigieuses universités de Stanford puis de Harvard, avant de travailler pour le gouvernement Obama.

À Washington, les deux trentenaires devraient être accompagnés par Jamaal Bowman, un proviseur de collège de 44 ans, noir lui aussi, et hétérosexuel.

Dans une circonscription qui englobe une partie du Bronx, ce néophyte de la politique a écarté un autre démocrate, Eliot Engel, 73 ans, au Congrès depuis 31 ans.

La « nouvelle gauche »

Pour Mondaire Jones, ces visages incarnent « de nouvelles voix, plus diverses, qui véhiculent une urgence, sur la crise du climat, du système de santé, du logement ».

Elles contrastent ainsi, selon lui, avec la tonalité générale du Congrès, qui n’a pas, jusqu’ici, fait suffisamment « pour s’assurer que chacun puisse vivre confortablement, dignement, et établir l’égalité raciale ». « Ceux qui ont échoué en ce sens doivent s’en aller, pour être remplacés par des gens qui ont conscience des enjeux  », exhorte celui qui fut élevé, en partie, par son grand-père, concierge, et sa grand-mère femme de ménage.

En 2018, Alexandria Ocasio-Cortez faisait figure d’exception sur le plan politique, au sein d’un contingent démocrate au Congrès qui se féminisait mais restait plutôt modéré.

La nouvelle poussée de Bernie Sanders lors de la primaire démocrate pour la présidentielle et le mouvement qui a suivi la mort de George Floyd ont renforcé l’aile gauche du parti démocrate.

Ce courant réformateur s’est aussi cristallisé en réponse à la politique radicale de Donald Trump, souligne David Barker, professeur de sciences politiques à l’American university. « C’est une victoire pour la nouvelle gauche aux États-Unis  », dit-il, « où la mouvance socialiste n’existait même pas au sein du parti démocrate il y a encore peu. Aujourd’hui, c’est une vraie force ».

Des élus LGBT+ au Congrès ?

Et le soutien à ce mouvement vient désormais de toutes les composantes de la société américaine, comme en témoigne la victoire de Mondaire Jones dans une circonscription qui ne compte que 10 % de résidents noirs.

L’évolution que vit le parti démocrate contraste avec l’immobilisme du parti républicain, où la représentation reste essentiellement blanche et masculine, dans un pays où les Blancs devraient se retrouver en minorité d’ici 2045.

Si Mondaire Jones et Jamaal Bowman acceptent l’appellation socialiste, ce n’est pas le cas de Ritchie Torres, qui ne veut pas rentrer dans des querelles de chapelle au sein du parti démocrate. Ce conseiller municipal hispanique et noir n’en est pas moins réformateur avec, notamment, l’ambition de défendre les droits de la communauté LGBT+.

Élu d’une circonscription du Bronx à nette majorité hispanique, Ritchie Torres est sorti de la primaire devant Ruben Diaz Sr, figure politique new-yorkaise opposé au mariage pour tous et qui avait estimé publiquement que la « communauté homosexuelle » contrôlait le conseil municipal.

Aujourd’hui, les élu.e.s LGBT+ ne représentent que 0,17 % de la classe politique américaine, alors que 4,5 % des Américain.e.s seraient LGBT+.

La voix de Ritchie Torres et Mondaire Jones « va faire une énorme différence au Congrès  », s’enthousiasme Elliot Imse, responsable de la communication de la LGBTQ Victory Institute. « Il y a encore beaucoup de chemin à faire ».

Avec l’AFP

 

 

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