3 questions à Océan sur le Fonds d'action sociale pour les personnes trans

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« La façon dont l’État se désintéresse aux problématiques des personnes trans et des TDS montre clairement que la situation n’est pas prête de s’améliorer. »

Océan par Romy Alizée

Le mois dernier Komitid vous parlait de la création du Fonds d’action sociale pour les personnes trans (Fast) lors d’une enquête sur les solidarités LGBT+.

Lancé le 13 mars juste avant le début du confinement, le FAST est arrivé à un moment critique pour la communauté trans et les travailleurs.euses du sexe (TDS).

Komitid a interrogé Océan, comédien et activiste trans pour faire un premier point sur la mise en place de ce fonds.

Komitid : Quelle a été la réponse du public suite à l’annonce du Fast ?

Océan : On est très content.e.s, les gens sont vraiment sensibles à cette démarche. On a récolté plus de 15 000 euros en trois semaines. On avait créé ce fonds pour répondre à des situations d’urgences pour les personnes trans dans un contexte normal qui était déjà dramatique pour certain.e.s. Là, clairement, le Covid-19 a absorbé toute l’énergie et nous a obligé à restructurer en urgence l’organisation du FAST. Ça fonctionne bien et dans les deux sens : que ce soit les dons ou les demandes d’aides qui ont augmenté de 70 % la semaine dernière.

Comment se passe la gestion du Fast concrètement au quotidien ?

Toute l’équipe salariée d’Acceptess-T est mobilisée plus une quarantaine de bénévoles. Giovanna Rincon coordonne les demandes de besoins et les redispatche aux différentes équipes. Il y a une équipe logement mobilisée pour trouver des appartements en urgence.
Une équipe alimentaire pour aller chercher les énormes stocks de nourriture, préparer des colis alimentaires et parfois même les livrer à domicile pour les personnes les plus vulnérables. En trois semaines, 350 colis alimentaires ont été distribués.
On a aussi acheté des cartes de téléphones pour les personnes qui ne peuvent plus communiquer.
De vraies solidarités se sont rapidement mises en place. Pour la petite anecdote, une TDS qui travaille au bois nous a prêté sa camionnette pour transporter des stocks de nourriture ! On a aussi reçu des dons de denrées périssables de la banque alimentaire. Enfin, la Mutinerie est rentrée en partenariat pour accueillir les bénévoles qui font les colis alimentaires ainsi que les bénéficiaires de ces colis.

De quoi avez-vous le plus besoin aujourd’hui pour le Fast ?

On a besoin qu’on nous prête des appartements pour héberger des personnes les plus précaires et on a toujours besoin de dons. Si vous souhaitez nous aider, le mieux est de contacter Acceptess-T. Avec Giovanna, on pense déjà à la période post Covid. On va avoir besoin de pérenniser les dons. Il nous faudrait un.e salarié.e à temps plein et un lieu pour reloger les personnes de manière plus pérenne. J’encourage celles et ceux qui le peuvent à faire un don mensuel au Fast, même si c’est cinq euros par mois. J’ai un peu peur de l’effet solidarité spontanée au moment du Covid qui ne continuerait pas sur la durée. La façon dont l’État se désintéresse aux problématiques des personnes trans et des TDS montre clairement que la situation n’est pas prête de s’améliorer. On travaille depuis un an sur le Fast et on n’avait pas du tout anticipé le Covid. On y répond de manière hyper efficace mais pour autant les problèmes de fond ne vont pas disparaitre.
Il faudra qu’on soit là après la crise.

Pour donner au FAST : https://www.helloasso.com/associations/acceptess-t/formulaires/2/