« Thérapies de conversion » : il est (plus que) temps d'en finir !

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Longtemps, la France est restée aveugle et sourde à ces pratiques scandaleuses. Pourtant, leur recrudescence n'est pas nouvelle.

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Une publicité américaine pour les thérapies de conversion - DR

« Vingt années de ma vie, qui auraient dû être des années d’épanouissement ont été couvertes de dépression et d’obscurité. » C’est pas ces mots qu’un homme gay témoigne dans le documentaire qu’Arte a consacré fin novembre aux « thérapies de conversion ». Des pratiques d’un autre âge, prétendant modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre. Rien qu’aux États-Unis, on estime le nombre de victimes à 700 000.

Longtemps, la France est restée sourde et aveugle à ces phénomènes. Pourtant, leur recrudescence n’est pas nouvelle.

Déjà au début des années 2000, les associations LGBT+ alertaient sur les séminaires menés notamment par l’association évangélique Torrents de vie. Neuf ans plus tard, celle-ci a toujours pignon sur rue et son site internet ne fait pas mystère de ses intentions de vouloir modifier l’orientation sexuelle des personnes.

Il faut en finir !

À l’Assemblée nationale, les deux rapporteur.e.s de la mission flash sur ces thérapies de conversion, Laurence Vanceneubrock et Bastien Lachaud, ont rendu leurs conclusions après avoir procédé à 28 auditions de 60 personnes.

Ces deux député.e.s réclament entre autres qu’un délit spécifique soit créé, pour condamner les thérapies de conversion. Selon ces parlementaires, ce délit permettrait en premier lieu de mieux protéger les victimes et aussi de mieux quantifier ce phénomène.

 

Il y a urgence. Selon Bastien Lachaud, la mission a été alertée sur une centaine de cas récents en France.  C’est donc loin d’être un épiphénomène !

Deux associations religieuses sont en particulier dans le collimateur : Torrents de vie, tendance évangélique et Courage, proche de l’église catholique. Qu’attendent les pouvoirs publics pour les mettre sous surveillance ? Pourquoi ces organisations religieuses continuent d’exercer si elles se livrent à des pratiques scandaleuses et LGBTphobes ? Ces pratiques qui concernent aussi les autres religions monothéistes, s’appuyant sur une lecture rétrograde des textes.

Mais à voir la vidéo de la communication de la mission flash sur les pratiques prétendant modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne devant la commission des lois, qui s’est tenue le 11 décembre, on ne peut que constater que les résistances existent du côté des parlementaires.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ce sont les mêmes qui avaient combattu le mariage pour tou.te.s ou plus récemment la PMA qui ont été les plus circonspects sur la nécessité de légiférer contre les thérapies de conversion.

Xavier Breton, député Les Républicains de l’Ain, a qualifié la démarche de la mission de « militante » et a brandi le spectre de la « propagande d’État ». Comme si la lutte contre les LGBTphobies, sous toutes leurs formes, était de la propagande ! Un son de cloche un peu similaire a été entendu du côté de la députée Modem du Puy de Dôme Laurence Vichnievsky qui évoque le danger de « contrôle social ».

C’est pourtant bien au niveau de l’éducation qu’il faut aussi agir. Vouloir contrôler ce qui se dit dans les écoles privées sous contrat (et qui perçoivent donc l’aide publique à l’éducation), c’est tout à fait normal. Et prévu par la loi. Comme l’a souligné Bastien Lachaud, les inspections sont cependant trop rares. Il a ainsi cité l’exemple d’un lycée privé dans lequel on enseignait que l’homosexualité était  une « dépradation grave contraire à la loi naturelle » et dans lequel l’inspection n’a toujours pas eu lieu.

La lutte contre les thérapies de conversion passent aussi par une meilleure formation des policier.ère.s et des gendarmes, pour l’accueil et l’écoute des victimes, à l’instar de ce qui doit être fait pour les femmes victimes de violences conjugales.

Par la loi, il faut envoyer un signal clair aux auteurs de ces méfaits, de ces atteintes gravissimes à l’intégrité physique et mentale, à ces mesures contraires à la dignité. Séances d’hypnose, retraite, internement dans des cliniques, traitement par électrochoc, il est temps que cela cesse ! Pour que les victimes soient enfin entendues et protégées.