Face à la haine LGBTphobe (et la haine tout court) d'Éric Zemmour, on fait quoi ?

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Il y a des noms que l'on se passerait bien d'écrire et d'infliger à ses lecteurs et lectrices. Mais il est clair qu'aujourd'hui, on ne doit plus se taire face à Éric Zemmour.

Éric Zemmour, le 24 octobre, sur Cnews - Capture d'écran
Éric Zemmour, le 24 octobre 2019, sur Cnews - Capture d'écran

Ces derniers jours, plusieurs activistes LGBT+ et non des moindres, notamment Didier Lestrade, co-fondateur d’Act Up-Paris et le sociologue Sam Bourcier, ont interpellé la communauté ainsi que les médias LGBT+. Cible de ces tweets, Éric Zemmour.

 

Il y a des noms que l’on se passerait bien d’écrire et d’infliger à ses lecteurs et lectrices. Mais il est clair qu’aujourd’hui, on ne peut plus se taire. Voilà un homme qui depuis des années, distille ses peurs et sa haine. Haine des féministes, haine des LGBT+, haine des musulman.e.s. Éric Zemmour est un homme dangereux pour les minorités.

Lorsqu’il était venait débattre sur les plateaux de télé, en tant qu’invité, on pouvait trouver ses propos nauséabonds et estimer que les émissions qui l’invitaient montraient une certaine complaisance. D’année en année, il s’est ensuite radicalisé. Mais beaucoup pensaient que dans un pays démocratique, les opinions doivent s’exprimer.

 

Provocation à la haine raciale

Sauf que Zemmour a été condamné. Et deux fois, pour provocation à la haine raciale. Ce n’est pas rien. Pourtant, des médias continuent de l’employer, dont Le Figaro. Mais c’est l’embauche de Zemmour par CNews, du groupe Canal+, propriété de l’homme d’affaires Vincent Bolloré, qui a mis le feu aux poudres.

Est-il concevable qu’un homme qui a été condamné par deux fois pour provocation à la haine raciale soit salarié par une chaîne d’infos en continu ?

Est-il concevable qu’un homme qui a été condamné par deux fois pour provocation à la haine raciale soit salarié par une chaîne d’infos en continu, pour y diffuser chaque soir ses propos abjects sur les femmes, les musulman.e.s, les LGBT+ ?

 

Des propos résumés dans ce tweet qui fait le florilège des récentes déclarations de Zemmour.

 

On ne parle pas ici de la question de la liberté d’expression. Toutes les opinions peuvent s’exprimer, nous n’allons pas dire le contraire. Mais le racisme, l’antisémitisme, la LGBTphobie, le sexisme, sont des délits. Comme accepter qu’un média puisse embaucher un délinquant plusieurs fois condamné. Et qui se lance dans une surenchère à l’abjection, illustrée par ses propos relayées par l’élu de Paris ouvertement gay Ian Brossat.

 

Boycott de CNews

Cette embauche a déjà suscité de très nombreuses réactions. Bon nombre de personnalités ont déclaré qu’elles refusent de passer sur CNews tant que Zemmour y officiera. Quelques marques ont aussi retiré leurs écrans publicitaires. Les élus du personnel de la chaine ont voté à l’unanimité pour que la groupe Canal+ cesse sa collaboration en demandant « à la direction de cesser sa collaboration avec Eric Zemmour et [de] le retirer de l’antenne pour des raisons évidentes sur le plan économique, sur la sécurité des personnels, sur l’image du groupe et sur l’éthique », comme révélé par le site Les Jours lundi dernier.

Alors, contre la haine que déploie Éric Zemmour, on fait quoi ? Ne pas relayer ses propos,  (ce que nous nous efforçons de faire à Komitid) y compris pour s’en offusquer ou les combattre, c’est une chose. Les associations LGBT+, je pense en particulier à l’Inter-LGBT, SOS Homophobie ou encore l’AJL, devraient cependant réagir. Elles peuvent le faire et elles ont un poids. L’audience de Cnews sur la tranche occupée par Éric Zemmour ne représente que peu de choses : 250 000 personnes la regardent. C’est moins qu’une marche des fiertés parisienne ! Mais c’est son impact et sa résonance qui sont inquiétantes. Fort de ses audiences en hausse, le groupe Canal+ doit estimer qu’il aurait tort de se séparer d’une telle pépite. Jusqu’à quand ?