Répartition des tâches ménagères et parentales : 
le modèle égalitaire des couples lesbiens

Publié le

Si au sein des couples hétérosexuels l'inégale répartition du travail domestique s'explique à 80 % par la norme de genre, les couples homosexuels sont en moyenne bien plus égalitaires. Leur modèle de partage des tâches parentales est également exemplaire. Après s'être intéressé de près au schéma des couples de pères, Komitid a suivi le quotidien de deux couples de mères aux configurations très différentes.

laure et ninon - reportage floriane valdayron
Dans une ambiance joyeuse et câline, c'est Laure qui couche Ninon ce mardi soir - Floriane Valdayron / Komitid
Article Prémium

Maman au ménage et papa au bricolage ; ce qui pourrait être une simple rime s'apparente malheureusement plus à un adage. C'est ce qu'a découvert Catherine Sofer, économiste et professeure émérite, lorsqu'elle a comparé le partage du travail domestique chez les familles homoparentales et hétéroparentales, avec ses consœurs Elisabeth Cudeville et Martine Gross.

« L'écart d'égalité dans la répartition des tâches ménagères entre les couples hétérosexuels et les couples homosexuels vient à 20 % de la différence de leurs caractéristiques, tel qu'un écart de salaire plus important par exemple », explique Catherine Sofer. Les 80 % restants s'expliquent ainsi par la norme de genre présente dans le partage des tâches. « C'est extrêmement élevé », souffle l'économiste.

À partir des données de près de 600 couples homosexuels – dont environ 400 couples de femmes – et de celles de 3 700 couples hétérosexuels, les trois expertes ont étudié huit tâches : la vaisselle, la préparation des repas, le ménage, les courses, les activités relatives au linge, la gestion courante, la comptabilité et le bricolage. « Au sein des couples hétérosexuels, ce sont les femmes qui passent le plus de temps à s'occuper des cinq premières tâches », reprend Catherine Sofer. « On est donc sur une répartition très spécialisée selon le genre, contrairement aux couples homosexuels, chez qui le partage est beaucoup plus équitable ».

« Je n'ai eu aucun mal à lâcher les tâches ménagères »

Élodie G., 42 ans, opine lorsqu'on lui présente ce constat. Après avoir passé quinze années en couple avec le père de ses filles aînées – Alice, 10 ans et Louise, huit ans – la quadragénaire a épousé Laure, 37 ans, qui a accouché de la petite dernière, Ninon, il y a deux ans. « Avec le père des filles, je pensais que c'était à moi de m'occuper du ménage. Ça ne me choquait pas que la répartition des tâches ne soit pas du tout équitable : j'avais vu ça chez mes parents », se remémore la directrice d'un CIO (Centre d'information et d'orientation) de région parisienne, alors qu'elle s'affaire auprès de sa benjamine. « C'est ça, c'est le vert, bravo ! », s'exclame-t-elle alors que Ninon joue à un jeu Barbapapa pour apprendre les couleurs.

Pour continuer la lecture de cet article :

Vous avez déjà un accès ?

Identifiez-vous