Université d'Angers : le prénom d'usage en un clic

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Dès la rentrée, pas besoin de formulaires alambiqués ni de justifications sempiternelles pour changer de prénom et de genre, sur les documents officiels délivrés par l'Université d'Angers.

Prénom d'usage, université d'Angers
Campus Saint Serge / Université d'Angers

À la rentrée, les personnes qui – passées les fourches caudines des admissions post bac – s’inscriront à l’Université d’Angers pourront désormais utiliser leur nom d’usage.

C’est Anne-Sophie Hocquet, vice-présidente de l’Université d’Angers, chargée de l’Égalité, des Ressources humaines et de la Politique sociale qui a porté le projet depuis mars 2017, lorsqu’un étudiant tourangeau avait fait remonter à l’administration les difficultés qu’il rencontrait alors, dans sa scolarité. « Au cours de l’année, il nous a expliqué les problèmes qui se posent pour les personnes trans, contraintes de garder leur prénom initial. Cela nous a permis d’aboutir à ce dispositif, désormais disponible », a-t-elle expliqué à Ouest France.

L’université œuvre depuis quelques mois à travailler sur les discriminations vécues par les étudiant.e.s au sein de ses structures. À l’automne dernier, sur le campus de la faculté Saint Serge, les personnes devaient accéder aux bureaux d’inscription en utilisant des portes bleues pour les hommes (des portes larges et automatiques et dotées de moustaches) et des roses pour les femmes (des portes étroites lourdes et dotées de rouge à lèvre). L’expérience sociale s’était avérée percutante : « En ce qui me concerne, je me définis en tant qu’homme et en tant que femme. Dès lors, moi, face à ce choix qui m’est imposé, je fais quoi ? Il y a là un vrai malaise qui est soulevé », avait commenté à Ouest France un.e professeur.e québecois.e invité.e.

Pas de justificatifs, ni de formulaires compliqués

Pour ce changement de prénom, un simple formulaire très rapide et sans demande de justificatifs, permet aux étudiant.e.s de changer le prénom et aussi le genre (qui reste cependant binaire), si besoin est. Les informations sont ensuite portées sur la plupart des documents officiels : listes d’émargement, bulletins de notes, listes d’inscrit.e.s, carte étudiante. Seul le diplôme, toujours attaché au sacro-saint état civil, conserve le prénom attribué à la naissance.

Les universités de Nantes, Tours, Lille, Paris 8 et Rennes 2, ont déjà adopté le prénom d’usage, depuis 2016 pour Rennes. Cependant, tous les établissements ne rendent pas les choses aussi simples. À l’Université de Nantes, par exemple, la procédure concerne « les étudiants en cours de transition de genre  », qui doivent donc prouver leur situation. À Caen, le prénom attribué à la naissance reste sur les bulletins de notes.

À Tours, l’Université avait suscité un tôlé en communiquant sur la création de toilettes neutres et la possibilité d’utiliser le prénom d’usage, sans mentionner le rôle capital des associations.

Une révolution unitaire, dans un contexte compliqué

Le collectif Lucioles, une association étudiante pour les droits des étudiant.e.s LGBT+ sur les campus, s’est félicité de cette nouvelle, une révolution dont elle n’est pas étrangère. «  C’est le fruit d’un travail collectif, appuyé sur les réalisations des associations trans de l’Ouest qui ont œuvré dans les université de l’Ouest, et co-construit avec l’Université d’Angers, un militant trans et le Collectif Lucioles. Merci à tou.te.s ! », a expliqué le Collectif dans un post Facebook.

La catholique ville d’Angers est par ailleurs touchée depuis quelques mois (pour ne pas dire quelques années) par de nombreuses attaques à l’encontre des personnes LGBT+ : récemment une femme trans a été agressée à plusieurs reprises et le Parquet a classé l’affaire sans suite. Le local de l’association Quazar, le centre LGBT qui défend entre autres les victimes d’agressions, a également été vandalisé plusieurs fois.