Homélie hyper rétro sur France Culture : « l'avortement, le suicide assisté, la PMA, la GPA, l'eugénisme... tout devient possible »

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Dimanche dernier, sur France Culture, la messe a été dite mais quelqu'un.e avait appuyé sur le mode « intégriste ». Scandale.

Jean-Pierre Cattenoz fait son homelie
Jean-Pierre Cattenoz fait son homélie / Facebook du Diocèse d'Avignon

Scandale depuis le 15 juillet, alors que France Culture a décidé de poser ses micros en Avignon pour la messe dominicale. La messe cathodique de l’archevêque local, Mgr Jean-Pierre Cattenoz, qui a décidé de répondre à sa façon à un thème annuel du festival – le genre – par « un appel à la conversion et à la découverte du message de l’évangile ». Le ton était donné.

L’homme à la capote violette entame son homélie – breaking news, elle est loin du message aimez-vous les un.e.s les autres – en admettant son ignorance totale sur le sujet : « je n’ai jamais rencontré de L, de G, de B, de T et, paraît-il maintenant, de Q. Je ne connais et ne vois que des personnes humaines avec toute la richesse de leur féminité et de leur masculinité, inscrite dans leur chair et jusque dans leur être le plus profond ».

Sans avoir peur de continuer à parler de ce qu’il ne connait pas, le prêtre s’émerveille de « la complémentarité de l’homme et de la femme », et de s’émerveiller encore pour l’amour (physique) qui « jaillit entre eux et débouche sur le don de la vie ». Il embraye ensuite en admettant que si le mariage pour tous existe (ça, il l’a bien enregistré), ce n’est qu’une « amitié aussi belle soit elle ». La messe est dite.

Un bon gros potage rétrograde à l’antenne

C’est ensuite un bon potage que nous prépare l’archevêque, sous couvert de parler « comme le prophète Amos » (un contemporain de Jéroboam II, rien à voir avec la bouteille) : « je voudrais dénoncer une société au comportement incohérent et qui n’a pas compris quel merveilleux projet de vie Dieu lui proposait ».

  • Argument 1 (#matérialisme) :  la société « se vautre dans un pseudo bien matériel usant des 3/4 des ressources de la planète ».
  • Argument 2 (#immigration) : « que la mer Méditerranée devienne un immense cimetière ne semble pas gêner grand monde ».
  • Argument 3 (#toutpartàvautleau) : «  devant ces incohérences notre société n’est pas à court d’idées : l’avortement, le suicide assisté, la PMA, la GPA, l’eugénisme… tout devient possible au nom d’un principe devenu premier depuis les années 68 (l’argument ultime, ndlr) “il est interdit d’interdire”, “on a bien le droit”, “on a tous les droits”, “mon plaisir est mon droit” ».

L’avortement… une victoire féministe qui ferait recracher son ostie à l’archevêque. «  Changer le vocabulaire dépénaliser la réalité et en faire un droit. Au risque de choquer (lol, ndlr) je veux rappeler les paroles de Jean-Paul II “l’avortement est le crime le plus abominable qui soit car la victime n’a même pas la possibilité de crier sa souffrance” je voudrais citer Mère Thérésa “l’avortement est une réalité abominable car une mère tue son propre enfant” ».

Dommage pour le calendrier, de citer Mère Theresa et son respect des enfants, quand ses foyers indiens sont éclaboussés par un scandale de trafic d’enfants. Qu’importe, l’homme se permet aussi de verser des male tears contre la panthéonisation de Simone Veil et de faire des courbettes envers le Pape François, qui a comparé en juin dernier l’avortement thérapeutique à la politique nazie.

Service public et messe dominicale

Nous donnerons le prix de la phrase la plus cryptique de son homélie à cette Nostradamade : « dans quelques années, nous aboutirons à un sommet homo deus où l’algorithme sera le roi, mais heureusement comme autrefois le colosse a des pieds d’argile ». Tremblez, brebis.

Comme le rappelle notre confrère de Marianne, Jean-Pierre Cattenoz n’en est pas à son coup d’essai. Il a déjà voué la France aux flammes de l’enfer LGBT+ au moment du Pacs (qualifié de « le retour en force de l’homosexualité, érigée en modèle de société »), et en 2007 il avait adressé une lettre ouverte aux candidat.e.s à la présidentielle – intitulée « Défense du Catholicisme » – les enjoignant à « distinguer l’homosexualité comme fait privé et l’homosexualité comme relation sociale prévue et approuvée par la loi » et à éviter « l’approbation du comportement homosexuel ou à la reconnaissance juridique des unions homosexuelles  ».

Pourquoi faut-il encore que France Culture diffuse la messe catholique ? Et France Télévisions Le Jour du Seigneur  ? Les réactions des auditeurs et auditrices ainsi que celles des internautes sont scandalisées.

L’hebdomadaire rappelle que la directrice de France Culture, Sandrine Treiner, avait répondu en 2015 (après les attentats du 13 novembre) aux nombreuses interrogations des auditeurs à ce sujet. Selon elle, la radio publique était tenue par sa charte à diffuser ces cultes (article V Émissions à caractère religieux Article 18) : « La société programme et fait diffuser le dimanche matin des émissions à caractère religieux, consacrées aux principaux cultes pratiqués en France. Ces émissions, réalisées sous la responsabilité des représentants désignés par les hiérarchies respectives de ces cultes, se présentent sous la forme de cérémonies cultuelles ou de commentaires religieux ».

Pourquoi les présidents de la République se recueillent-ils encore à Notre-Dame quand il y a un deuil national et font des courbettes à la Conférence des évêques ? La question reste en suspend. Il faut croire que la sacro-sainte laïcité, dans le service public, ne concerne pas les fameuses «  racines chrétiennes » de la France chérie par Christine Boutin et consorts.

À Avignon, l’Église fait sa pub contre les festivaliers et festivalières

Par ailleurs, on peut trouver en plus les mots d’accueil du prêtre, saluant les nombreux festivaliers et festivalières, avec étonnement voire circonspection. En effet, depuis quelques semaines, le Denier du culte a diffusé une campagne de financement pour le moins audacieuse dans les rues de la cité.

« L’Église en Avignon, 2000 ans sans entracte ni subvention », « l’Église ne cherche pas le buzz mais a besoin de pez » ou encore « l’Église en Avignon, 2000 ans de représentations, zéro subventions »… on vous laissera apprécier les choix de visuels.