États-Unis : un gay condamné à mort pour ne pas l'envoyer en prison, « là où il veut aller »

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La Cour suprême des États-Unis a validé la condamnation à mort de Charles Rhines, le 18 juin. Ses avocats se battent pour faire reconnaître que les jurés l'ont condamné à mort en raison de son homosexualité.

La Cour suprême des États-Unis - Drop of Light / Shutterstock
La Cour suprême des États-Unis - Drop of Light / Shutterstock

Un 8 mars 1992, un certain Charles Rhines pénètre dans la boutique de laquelle il a été licencié quelques semaines auparavant à Rapid City (Dakota du Sud) pour y dérober la caisse. Il tombe sur un coursier qu’il connaissait et le poignarde à trois reprises. Reconnu coupable du meurtre l’année suivante, Charles Rhines est condamné à mort. Seulement, pour ses avocats, sa sentence est apparue comme corrompue et devait être renversée. Pourquoi ? Parce qu’ils estiment que leur client a été condamné à mort non pas proportionnellement à la gravité de son acte, mais en raison de son homosexualité. Un récit glaçant que nous rapporte le magazine en ligne The Intercept.

Il aurait été pris en compte le fait que Charles Rhines « ne devrait pas pouvoir passer sa vie avec des hommes en prison » car homosexuel.

Les années qui ont suivi sa condamnation, Charles Rhines a fait appel de sa condamnation pour plusieurs motifs. Mais c’est fin 2016 que les choses ont basculé : des documents relatifs à la prise de décision des jurés ont été retrouvés et ont montré que la peine de mort a principalement été décidée en raison de l’orientation sexuelle du meurtrier et non de ses actes.

D’après ces documents, il aurait été pris en compte le fait que Charles Rhines « ne devrait pas pouvoir passer sa vie avec des hommes en prison » car homosexuel. Cela reviendrait à « l’envoyer là où il veut aller ». Un.e autre membre de ce jury dit impartial aurait souligné qu’« il y avait beaucoup de discussions autour de l’homosexualité » dans la salle des jurés. « Cela nous a sauté aux yeux », a raconté Shawn Nolan, du Federal Community Defender Office à Philadelphie, dans des propos rapportés par The Intercept. « C’était patent qu’il y avait chez eux un parti pris anti-gay. »

« Permettre à un juré de voter pour la peine de mort d’un homme sur la base de l’animosité et des stéréotypes anti-homosexuels viole incontestablement les sixième et quatorzième amendements », ont écrit les avocats de Charles Rhines dans leur plaidoirie devant la Cour suprême. Lundi 18 juin, la plus haute juridiction américaine a statué, annonçant qu’elle n’annulerait pas la condamnation à mort de Charles Rhines.

« Trop tard pour M. Rhines. »

Dans une tribune publiée au lendemain de cette décision dans le New York Times, Mme Tabacco Mar, avocate et représente des personnes LGBT+ confrontées à la discrimination, a exhorté la Cour suprême de se saisir de « la prochaine occasion de corriger cette erreur et de reconnaître que les préjugés contre les personnes LGBT ne devrait jouer aucun rôle dans le système de justice pénale américain.  ». Et de conclure : « Cependant, cela arrivera probablement trop tard pour M. Rhines. ».