Chelsea Manning, candidate au Sénat pour continuer de lutter contre « la montée de l'autoritarisme »

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La lanceuse d'alerte Chelsea Manning a jusqu'au 26 juin pour convaincre les habitant.e.s du Maryland de soutenir un programme pour le moins (archi) révolutionnaire.

Chelsea Manning
En 2018, Chelsea Manning publie cette image : "En solidarité ! ❤️ nous luttons contre le fascisme" - Chelsea Manning / Instagram

Chelsea Manning est une révolutionnaire : en 2010, elle a révélé au grand jour (via WikiLeaks) les tâches de sang qui souillaient le drapeau américain. Après avoir transmis non moins de 700 000 documents confidentiels relatifs aux guerres d’Afghanistan et d’Irak, l’analyste révoltée avait été condamnée par la Cour martiale à subir le sort des traîtres : 35 ans de réclusion à l’isolement (le trou). Elle risquait la peine de mort pour un acte héroïque et revendiqué comme patriote.

Face au soutien de la communauté internationale et à la montée en puissance des lanceurs et lanceuses d’alerte dans bien des domaines, Barack Obama a décidé de commuer sa peine. Chelsea Manning a finalement subi quatre ans d’enfermement. Pendant la présidentielle américaine, l’ancienne militaire s’est muée en activiste politique et a pris position contre le military trans ban, proposé par l’administration Trump.

 « Nous devons leur prendre les rênes du pouvoir. Nous n’avons plus besoin d’eux, nous pouvons faire mieux. »

En janvier dernier, le Washington Post révélait qu’elle souhaitait se présenter aux élections sénatoriales, dans l’état du Maryland où elle réside depuis sa libération. Elle présentait, dans une vidéo, son envie de tourner la page de la politique old school par et pour les dominant.e.s : « nous n’avons pas besoin de davantage ou de meilleurs leaders, nous avons besoin de quelqu’un prêt à se battre. […] Nous devons leur prendre les rênes du pouvoir. Nous n’avons plus besoin d’eux, nous pouvons faire mieux. »

Âgée de 30 ans, la démocrate a un but : déloger la vieille garde du parti de gauche, prompte à signer des accords avec les lobbyistes de tous poils et à nourrir le désintérêt des électeurs et électrices pour la politique. Dans le Maryland, sa cible a un nom : Ben Cardin, 74 ans, dont trois mandats au Sénat du Maryland et dix à la Chambre des représentants (qui compose avec le Sénat, le Congrès Américain).

Elle considère bénéficier d’une « vision plus large » que ses opposant.e.s

« La montée de l’autoritarisme est en train d’empiéter sur tous les terrains, que ce soit d’ordre politique, dans l’entreprise ou la technologie », a-t-elle expliqué à Associated Press, le 8 mai dernier.

Chelsea Manning a jusqu’au 26 juin pour convaincre les habitant.e.s du Maryland de voter pour celle qui a longtemps été présentée comme une traitresse à ses couleurs. Vantant son expérience de vie d’ancienne personne sans domicile fixe, d’ancienne soldate et d’ex-détenue, elle considère bénéficier d’une « vision plus large » que ses opposant.e.s (dont la candidate trans Dana Beyer, à la tête de l’association Gender Rights Maryland).

Son programme ne fait pas dans la demi mesure

Son programme ne fait pas dans la demi mesure : fermer les prisons et libérer les détenu.e.s, effacer les frontières nationales, restructurer le système judiciaire à la racine, sécuriser l’assurance maladie universelle, proposer un revenu universel et abolir les douanes américaines, coupables selon elle de préparer un « nettoyage ethnique ».

Un programme qui finit de convaincre beaucoup de personnes que la candidate, qui prépare la sortie d’un livre dans le courant de l’année, ne se présente pas pour gagner, mais pour continuer de lever le poing, toujours plus haut.