Aux États-Unis, le mouvement anti-armes à feu puise sa force chez les activistes LGBT+

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À travers les États-Unis, des milliers de personnes ont manifesté lors de la « March for our lives » pour une restriction des armes à feu. Anonymes ou figures de proue du mouvement, les personnes LGBT+ sont un moteur de la contestation.

March for Our Lives, Washington, DC le 24 mars 2018 - Flickr : photo ted eytan- Creative Commons BY-SA

Ils et elles étaient des milliers à rejoindre Washington D.C., Seattle, Atlanta ou New York hier après-midi, des milliers pour dire au lobby des armes à feu « Assez ! ». La « March for our lives » a eu lieu ce dimanche 25 mars et marque un tournant dans cette lutte.

Devenue un symbole du mouvement, la lycéenne Emma González a une fois encore montré sa fougue et sa dignité. Les longues minutes de silence tenues face à une foule émue aux larmes resteront comme l’image forte de cette journée de mobilisation : six minutes et vingt secondes de silence, le temps qu’il a fallu à l’assaillant du lycée Marjory Stoneman Douglas de Parkland en Floride pour tuer 17 personnes le 14 février dernier.

Emma González, plus qu’une militante en herbe

Dans une interview pour Yahoo Lifestyle, la charismatique Emma González a affirmé que son identité queer l’avait aidée dans son engagement actuel : « C’est clair pour moi que les deux sont liés. Si je n’en parlais pas si facilement, je n’aurais jamais pu faire ça. En troisième, j’avais un cours d’écriture créative où j’ai pu vraiment exprimer ce que je ressentais, et ça m’a particulièrement aidée à trouver les mots sur qui j’étais. J’ai vraiment compris qui j’étais, et quand j’ai posé les mots dessus, j’ai pu en parler autour de moi. »

Présidente pendant trois ans de la Gay-Straight Alliance (GSA) de son école, Emma González a tiré beaucoup de savoirs de cet engagement contre le harcèlement scolaire et les violences LGBTphobes : « Ça m’a beaucoup aidée à prévoir à l’avance, à être flexible… car quand on organise une réunion avec une personne bien précise et que personne ne vient car il ou elle ne vient pas en cours, on ne peut pas se mettre en colère. Beaucoup de jeunes dans les GSA sont en dépression ou ont des choses à gérer chez elles / eux. Je comprends ça. Tellement de personnes dans ce pays vivent ça, en lien avec les violences armées. Vous n’avez pas idée. Vous n’imaginez pas combien de personnes que vous voyez au quotidien se sont déjà fait tirer dessus, ou ont perdu quelqu’un à cause des armes à feu. Avec GSA, c’est la même chose. C’est incroyablement ancré et répandu. »

 

Une question de vie ou de mort

L’organisation Gays Against Guns était évidemment bien présente dans les cortèges. Avec l’humour qui les caractérise, ces flamboyant.e.s activistes ont donné une formidable énergie au mouvement. On retiendra les slogans « NRA Sashay Away », référence bien connus des fans de l’émission RuPaul’s Drag Race.

Pour Kevin Hertzog, ancien militant d’Act Up et co-fondateur de l’organisation Gays Against Guns, il existe un parallèle évident entre la lutte contre le VIH et cette mobilisation sans précédent contre les armes à feu : « Regardez la crise du sida et regardez tout ce qu’a obtenu Act Up. Il était possible d’obtenir des traitements directement pour les personnes qui en avaient besoin de façon bien plus efficace, et il a été possible de remettre en question la perception culturelle de ce qui n’était pas dans la norme hétérosexuelle en général. » Hal Moskowitz, un autre activiste partage cette vision : « Nous avons une capacité unique à faire avancer des priorités. Nous voulons amplifier l’indignation – c’est littéralement une question de vie ou de mort et les gens l’expriment avec ferveur. »

 

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