« Plaire, aimer et courir vite », « Everybody Knows » et « Gringo » : notre critique ciné de la semaine

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À l'affiche au ciné cette semaine, un amour de jeunesse par Christophe Honoré, le couple Cruz-Bardem (encore !) et Charlize Theron plus drôle que jamais...

Plaire, aimer et courir vite
Plaire, aimer et courir vite © Jean-Louis Fernandez

Plaire, aimer et courir vite

Réalisation : Christophe Honoré
Comédie dramatique – France – 2018
Distribution : Vincent Lacoste (Arthur), Pierre Deladonchamps (Jacques), Denis Podalydès (Mathieu)

1993. Arthur est étudiant à Rennes. il va rencontrer Jacques, un écrivain parisien plus âgé que lui. Ensemble, ils vont vivre un été qui les marquera à jamais.

C’est le douzième long-métrage réalisé par Christophe Honoré. Il est sans nul doute son meilleur depuis Les Chansons d’amour (2007) et son meilleur tout court. Il est en compétition à Cannes, et a de grandes chances de ne pas repartir bredouille. D’une grande part autobiographique, cette histoire d’un premier et d’un dernier amour est bouleversante. Mais pas que ! Toute la palette des sentiments y est présente : espoir, rejet, joie, déception, impatience, peur, tendresse…

Honoré décrit un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre. Un temps où internet et téléphone portable n’existaient pas encore, où les relations se tissaient autrement. Il en est nostalgique, mais qui ne l’est pas de ses jeunes années ? Il raconte aussi le temps du SIDA avant la trithérapie. Le désespoir des malades et de leurs proches.

Note : 4,5/5

Heureusement, même si ce thème est abordé de front, l’humour est aussi très présent. Les répliques qui tuent et les bons mots fusent. Le romantisme va main dans la main avec le sexe (non, ce n’est pas incompatible), et les amitiés sont essentielles. La vie, quoi !

Le trio d’acteurs est formidable, vraiment ! Chacun est charmant à sa façon. Comme peuvent l’être les vrais gens, en somme. Un film fort et vivant qui laisse le cœur léger et serré à la fois.

Everybody Knows

Réalisation : Asghar Farhadi
Drame – Espagne – 2018
Distribution : Penélope Cruz (Laura), Javier Bardem (Paco), Ricardo Darin (Alejandro), Bárbara Lennie (Bea)

À l’occasion du mariage de sa soeur, Laura revient dans son village natal avec ses enfants. Un évènement va bouleverser son séjour et faire remonter des secrets longtemps enfouis…

C’est le deuxième film européen du réalisateur iranien après Le Passé (2013, avec  Bérénice Bejo et Tahar Rahim). Cette fois, l’histoire prend place dans un vignoble en Espagne, et le thriller vient pimenter le drame.

Comme à son habitude, la mise en scène est maitrisée, et l’interprétation de haut vol. Penelope Cruz est comme toujours admirable, et le reste du casting n’est pas en reste. Son mari, Javier Bardem est à nouveau à ses côté (après Escobar, toujours en salle) rejoint par la star argentine Ricardo Darín.

Note : 4/5

Si le scénario n’a rien de renversant, ce thème étant souvent traité au cinéma et à la télévision, le savoir faire d’Asghar Farhadi permet de passer un moment intense. Sur fond de secrets de famille, cupidité, jalousie, mais aussi puissance des liens du sang.

Une belle ouvrage, présentée en ouverture du Festival de Cannes cette année.

Gringo

Réalisation : Nash Edgerton
Aventure – Etats-Unis – 2018
Distribution : David Oyelowo (Harold Soyinka), Charlize Theron (Elaine Markinson), Joel Edgerton (Richard Rusk), Thandie Newton (Bonnie Soyinka), Amanda Seyfried (Sunny)

Harold Soyinka travaille pour un groupe pharmaceutique dirigé par Elaine Markinson et Richard Rusk.  Ils partent au Méxique avec lui pour le lancement de leur nouvelle usine de production de cannabis médical.

Ce Gringo se voulait une folle comédie mêlée d’action, mais oups, ce n’est pas vraiment ça ! De l’humour, il en manque un peu trop pour être rassasié. Okay, on ne n’ennuie pas vraiment, mais on ne s’enflamme pas non plus devant ces aventures un peu mollassonnes (la chaleur du Méxique, sans doute).

Note : 2,5/5

Charlize Theron fait heureusement preuve d’un beau sens du comique, malheureusement trop rarement exploité dans ses rôles. Elle est sans conteste l’atout majeur de ce film. Et rien que pour elle, on peut se déplacer pour voir cette demi-réussite, si on se sent d’humeur indulgente. Qui a dit qu’on ne pouvait pas être sublime et hilarante ?

Également à l’affiche cette semaine

Death Wish (Réalisé par Eli Roth) : Bruce Willis nous revient en grande forme dans ce thriller on ne peut plus classique, que seule la technologie actuelle nous permet de savoir qu’on n’est pas dans les années 90. Eli Roth, surtout connu pour ses films d’horreur (Cabin Fever et Hostel) s’en tire très convenablement, le genre étant très balisé. De plus, c’est un remake d’Un justicier dans la ville (1974). Bruce n’est pas Charles Bronson, mais il fait un émouvant badass.

Monsieur Je-sais-tout (réalisé par François Prévôt-Leygonie et Stephan Archinard) : Arnaud Ducret, surtout connu pour la comédie, délaisse pour une fois la gaudriole pour un rôle sérieux et mature. Et il fait bien, puisque qu’il est très crédible et même émouvant (qui l’eut cru !) en quadra soudainement catapulté tonton d’un ado autiste. Simple, sobre, intergénérationnel.

Abdel et la Comtesse (réalisé par Isabelle Doval) : Et allez ! Encore une comédie sur le choc des cultures et l’antagonisme bourges/racailleux… Ça ne vole pas bien haut, tout le monde s’en doutait, mais Charlotte de Turkheim est toujours aussi savoureuse en aristo un chouïa grossière. À réserver surtout à ses fans (dont je fais évidemment partie).