100% L'EXPO, une sixième édition toujours plus engagée

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Une programmation élargie, plus d'écoles d'art impliquées, une durée allongée, on pourrait dire que l'édition 2024 de 100% L'EXPO est survitaminée. Inès Geoffroy, cheffe de projet pour les expositions à la Villette, nous en dit plus.

Vue générale de 100% L'EXPO, à la Grande Halle de la Villette, mars 2024
Vue générale de 100% L'EXPO, à la Grande Halle de la Villette, mars 2024 - Christophe Martet pour Komitid

Une programmation élargie, plus d’écoles d’art impliquées, une durée allongée, on pourrait dire que l’édition 2024 de 100 % L’EXPO est survitaminée. Mais ce qui frappe d’emblée lorsqu’on déambule dans le parcours proposé dans la Grande Halle de la Villette, c’est la diversité des oeuvres et parfois leur aspect spectaculaire. L’engagement aussi pour des thématiques liés au genre, à l’écologie, aux questions décolonisées est réel.

Inès Geoffroy, cheffe de projet pour les expositions à la Villette, nous en dit plus.

 

Komitid : Qu’est-ce qui change cette année dans 100 % L’EXPO ?

Inès Geoffroy : Chaque année, on essaie d’avoir des écoles différentes pour permettre une sélection de profils encore plus variés, encore plus divers. Mais en fait, ce qui change peut-être, mais plutôt ce qui se confirme, c’est la place laissée aussi en parallèle de l’exposition à tout ce qui est spectacle vivant et performance, avec une programmation de rencontres et de performances, avec des temps forts les week-ends. Le 30 avril, on propose une invitation aux ateliers Médicis pour présenter un programme avec des résidents et résidentes des ateliers Médicis, tout autour de la question du safe place, des endroits de care.
Comment se réunir ensemble pour penser des nouvelles formes, à la fois artistiques, mais aussi intellectuelles, ou tout simplement collectives. On programme aussi le spectacle de Flora Bouteille, une artiste accompagnée en résidence chez nous, qui est dans le programme d’initiatives d’artistes. Toute l’Expo est parcourue de nombreuses thématiques, on n’en met pas une seule en avant en tant que telle dans l’exposition, mais chaque année on en isole une qui nous semble assez pertinente en fonction de l’année. Et cette année, c’est la question de l’enfance, repenser le rapport à l’enfance. C’est dans la continuité de MeTooIncest, de tout ce que ça a débloqué, comme discussion sur l’enfance. Et ça pourra vous intéresser, nous avons une collaboration avec le festival Jerk Off, notamment avec toute une communauté d’artistes queer, pour les présenter dans leur forme performative.

De premier abord, ce qui frappe, c’est l’aspect monumental de certaines œuvres ?

Oui, ça c’est la Grande Halle ! (rires) La scénographie et les œuvres assez majestueuses sont aussi liées à cet espace. On a 17 mètres de hauteur, on peut se le permettre et même on le pousse un peu, parce que déjà il y a un effet un peu important d’échelle, où ça nous intéresse d’avoir des œuvres qui peuvent bien s’insérer dedans. On considère que c’est assez intéressant pour les artistes de pouvoir justement avoir un peu cette opportunité de penser plus grande échelle, par exemple cette grande peinture-installation de Héloïse Farago, elle ne va pas pouvoir le montrer partout. La scénographie est retravaillée d’année en année, mais toujours avec des matériaux de réemploi.

« Cette année, les artistes travaillent davantage les questions d’intersectionnalité » 

Vous avez évoqué l’enfance, mais est-ce qu’il y a d’autres thématiques contemporaines, actuelles, qui sont mises en avant, ou plutôt qui vous ont frappées ?

Alors de manière générale, chaque année on retrouve ces thématiques, qui sont de toute façon les thématiques qui tiennent à cœur de la nouvelle génération, que ce soit les questions de minorité de genre, les questions décoloniales, le rapport à l’anxiété environnementale, l’effondrement. Cette année, on voit qu’elles se précisent, qu’elles sont poussées, notamment parce qu’on a une jeunesse qui est de plus en plus en alerte sur ces sujets-là, et donc qui s’engage davantage. Cette année, les artistes travaillent davantage les questions d’intersectionnalité. Les questions de genre vont plus se retrouver avec les questions de racialisation, les questions décoloniales, parce qu’on voit justement les oppressions qui sous-tendent cet ensemble systémique, cela vaut également pour la question environnementale ou l’afroféminisme.  Et ça, j’avoue que c’est quelque chose qui me touche et qui me plaît particulièrement.

100 % L’EXPO EN CINQ PHOTOS 

« Elle brille dans le noir, 2023 » - Maty Biayenda étudie la question de l'objectivation et de la libération des corps noirs féminins

Maty Biayenda, « Elle brille dans le noir », 2023 – Maty Biayenda étudie la question de l’objectivation et de la libération des corps noirs féminins – Christophe Martet pour Komitid

 

Lyz Parayzo, « La Tempête magique, 2023-2024 » Lys Parayzo explore la sculpture comme une création distante évoquant des corps absents, féminins ou trans

Lyz Parayzo, « La Tempête magique », 2023-2024 Lyz Parayzo explore la sculpture comme une création distante évoquant des corps absents, féminins ou trans – Christophe Martet pour Komitid

 

Quentin Fromont - « Les Sirènes » et « Diabolo », 2023 - Les œuvres de Quentin Fromont interrogent les masculinités contemporaines et la notion de virilité

Quentin Fromont, « Les Sirènes » et « Diabolo », 2023 – Les œuvres de Quentin Fromont interrogent les masculinités contemporaines et la notion de virilité – Christophe Martet pour Komitid

 

Zoé Chauvet - « Altaer », 2023 - Les amis et les rencontres de Zoé Chauvet deviennent une archive émotionnelle, mettant en avant la fluidité des corps et de leurs histoires

Zoé Chauvet – « Altaer », 2023 – Les amis et les rencontres de Zoé Chauvet deviennent une archive émotionnelle, mettant en avant la fluidité des corps et de leurs histoires – Christophe Martet pour Komitid

 

Caroline Vergote, « La Chambre des éclipses », 2023 - Caroline Vergote souligne la force de la nature en dévoilant une sexualité débordante et en créant une descendance autonome

Caroline Vergote, « La Chambre des éclipses », 2023 – Caroline Vergote souligne la force de la nature en dévoilant une sexualité débordante et en créant une descendance autonome – Christophe Martet pour Komitid

 

100 % L’EXPO, du 27 mars au 28 avril, à la Grande Halle de la Villette, à Paris. Entrée gratuite. Plus d’infos sur toute la programmation ici.