Au Mexique, les candidat·es trans veulent entrer au Parlement

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En tout, une quarantaine de candidat·es trans sont en lice afin de participer au renouvellement de la Chambre des député·es.

Le Parlement mexicain - Wangkun Jia / Shutterstock

Lady Tacos de Canasta est une mexicaine indigène et trans. Son ambition : défendre ses semblables au Parlement en se faisant élire députée lors des législatives du 6 juin.

Lady, 36 ans, gagne sa vie en travaillant comme vendeuse ambulante de tacos, un plat traditionnel mexicain.

Elle se présente comme « muxe », le troisième sexe de l’ethnie zapotèque.

Son statut d’indigène et de femme trans lui vaut d’être « depuis toujours » victime de « discrimination ».

Une victoire aux élections mexicaines de mi-mandat lui permettra, espère-t-elle, de briser ce « joug », terrasser les stéréotypes et affirmer son identité.

En tout, une quarantaine de candidat·es trans sont en lice afin de participer au renouvellement de la Chambre des députés.

« Nous refusons d’être persécuté pour ce que nous sommes », s’emporte Lady.

Son programme électoral prévoit un accès amélioré au services de santé pour la communauté LGBTI+, et une protection accrue sociale pour les vendeurs de rue.

« Il est temps de représenter dignement tous ces gens qui travaillent », affirme cette membre du parti Elige.

Originaire de Oaxaca (sud), Lady apparaîtra sur les bulletins de vote sous son vrai nom : Juan Francisco Martínez.

« Invisibles devant la loi »

Fernanda Perera, 34 ans, a les mêmes intentions, mais c’est dans l’Etat de Zacatecas (nord-ouest), qu’elle se présente avec pour objectif de devenir la première gouverneure trans du Mexique.

Le droit de changer de nom et de sexe sur les documents officiels est reconnu dans 13 des 32 États du Mexique.

Zacatecas n’en faisant pas partie, Fernanda, du parti Redes Sociales Progresistas, a donc dû se rendre à Mexico en 2016 pour modifier son état civil.

Une fois gouverneur, elle promet que Zacatecas offrira ce service.

« Nous sommes marginalisées et violées partout », déclare-t-elle, « ce qui nous rend invisible devant la loi ».

Au Mexique, l’espérance de vie au sein de cette communauté est de 35 ans en raison de la violence contre ses membres, selon la Commission interaméricaine des droits de l’homme. Elle est de 77 ans au Mexique.

Le Mexique est le deuxième pays le plus meurtrier pour les personnes trans après le Brésil, selon plusieurs organisations.

Malgré certaines avancées, la députée fédérale Lucia Riojas met en garde contre ce qu’elle nomme l’opportunisme et la corruption qui sévissent au sein de certains partis politiques dans le but de s’attirer les faveurs des électeurs LGBTI+.

Elle cite le cas de Fuerza por México, récemment accusé par des groupes LGBTI+ d’avoir enregistré 18 hommes comme trans pour atteindre le « quota de genre » à Tlaxcala (centre).

L’affaire est entre les mains de l’autorité électorale de cet État.

« Non seulement ils ont violé les principes directeurs, mais ils ont également tourné en dérision la dette historique envers la communauté LGBT », estime Lucia Riojas.

Un cas similaire s’est produit en 2018 à Oaxaca, où 18 candidatures d’hommes qui se faisaient passer pour des trans ont été suspendues.

« L’inclusion est nécessaire pour construire une société égalitaire avec une justice sociale », défend le Conseil national contre les discriminations, un organisme public.

« Inévitable »

Valeria Lorety, une coiffeuse de 36 ans, a bataillé pour être candidate au poste de maire de la municipalité de Zacatelco, à Tlaxcala.

« C’était très compliqué parce qu’il y avait beaucoup de discrimination dans les autres partis qui m’empêchait de participer au scrutin », explique-t-elle à l’AFP.

Valeria a finalement réussi à s’imposer pour courir avec le Partido Verde Ecologista de México.

Jusqu’à présent, seule Rubi Araujo a réussi à accéder à un poste de conseillère municipale dans le pays, après avoir été élue en 2016 dans la municipalité de Guanajuato (centre).

La tendance est similaire dans des pays de la région comme l’Équateur, où la militante Diane Rodríguez a été élue députée à l’Assemblée nationale en 2017.

Au Brésil, Erika Hilton est devenue la première conseillère municipale trans et noire de São Paulo lors des élections municipales de novembre 2020.

De fait, les personnes trans commencent à occuper une place sur la scène politique, ce qui était « inévitable », estime Valeria.

Le 6 juin, les Mexicain·es éliront 500 député·es à la Chambre fédérale des représentants, ainsi que 15 gouverneurs et quelque 20.000 responsables locaux.

Avec l’AFP