Philippines : une drag queen arrêtée pour avoir parodié Jésus-Christ

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Amadeus Fernando Pagente, dont le nom de scène est Pura Luka Vega, a été accusée de blasphème et déclarée « persona non grata » par plusieurs gouvernements locaux à la suite de la diffusion en ligne d'une vidéo montrant son spectacle.

Amadeus Fernando Pagente (Pura Luka Vega), s'exprime à la télévision philippine après son arrestation - Capture d'écran
Amadeus Fernando Pagente (Pura Luka Vega), s'exprime à la télévision philippine après son arrestation - Capture d'écran / News 5

Une drag queen a été arrêtée mercredi 4 octobre aux Philippines après y avoir suscité des réactions indignées au sein de la population très majoritairement catholique en représentant Jésus-Christ en train de réciter le Notre Père au cours d’une représentation publique.

Amadeus Fernando Pagente, dont le nom de scène est Pura Luka Vega, a été accusée de blasphème et déclarée « persona non grata » par plusieurs gouvernements locaux à la suite de la diffusion en ligne d’une vidéo montrant son spectacle, joué en juillet.

Cette Philippine a été inculpée pour diverses infractions : « thèses immorales, publications obscènes, exhibition et représentations indécentes », selon les termes du mandat d’arrêt rendu public par la police de Manille.

De sa cellule dans la capitale, la drag queen âgée de 33 ans a déclaré à l’AFP n’avoir « rien fait de mal » et que son arrestation était le reflet du « degré d’homophobie » qui règne aux Philippines.

Elle a été accusée d’avoir commis des « actes offensants » comme d’avoir dansé et chanté sur des musiques religieuses en compagnie de fêtards, dans l’une des deux plaintes au pénal déposées par des groupes chrétiens.

Le chercheur en droits humains Carlos Conde a qualifié de « scandale » l’arrestation d’Amadeus Fernando Pagente.

«  Personne ne devrait être arrêté et encore moins détenu pour s’être exprimé », a réagi M. Conde, appelant à un abandon des charges.

Pour Reyna Valmores, membre du groupe LGBTQ Bahaghari, les autorités font preuve de discriminations à l’égard de cette drag queen, car des « artistes hétérosexuels » ont eux aussi mis en scène Jésus-Christ de façon parodique sans toutefois être poursuivis.

« Ces abus visent spécifiquement les membres de la communauté LGBTQ+ », a estimé Reyna Valmores.

La société philippine est profondément conservatrice. Les catholiques constituent près de 80 % de la population et le mariage entre personnes du même sexe, le divorce et l’avortement sont interdits.