Un ancien policier jugé pour le meurtre de son ex-compagnon

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Les enquêtes de personnalité dépeignent une relation ambiguë, placée sous le sceau du secret, entre les deux jeunes hommes, l'un fonctionnaire de police au moment des faits et l'autre gardien d'immeuble.

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Justice - Ppictures

Beaucoup de silence et de flou. C’est ce qui est ressorti lundi 18 septembre de la première journée du procès en appel de Quentin Destrez, ancien policier accusé d’avoir tué son ex-compagnon en juin 2019 de 135 coups de couteau, dans une petite ville des Yvelines.

Les enquêtes de personnalité dépeignent une relation ambiguë, placée sous le sceau du secret, entre les deux jeunes hommes, l’un fonctionnaire de police au moment des faits et l’autre gardien d’immeuble. Elle a débuté lors de leur rencontre dans un lycée du Nord, département dont ils sont originaires.

Selon l’enquêtrice qui s’est penchée sur leurs personnalités, aucun des deux ne qualifiait leur relation d’amoureuse. Pourtant, l’accusé « raconte tout son parcours de vie à travers le prisme » de la victime, avec qui il a entretenu une relation « toxique et conflictuelle », selon une expertise citée par la présidente de la cour d’assises des Hauts-de-Seine.

Entre juillet 2018 et fin juin 2019, date du meurtre, ils s’échangent ainsi 100.000 messages, « soit environ 200 messages par jour », note la présidente.

Jusqu’à la nuit du 27 au 28 juin 2019, où Quentin Destrez souhaite annoncer à la victime qu’il met définitivement fin à la relation après avoir rencontré une femme. Une altercation s’ensuit et l’accusé larde alors de 135 coups de couteau le corps de son ex-amant, à Jouars-Pontchartrain (Yvelines).

« Je ne sais pas ce qui m’a pris. Je l’ai planté, ensuite ce n’était plus moi, je n’arrivais pas à m’arrêter », avait-il confessé peu après les faits.

« Coloc du Nord »

Or personne, dans la famille de l’accusé, ne semble avoir connaissance de la nature exacte de la relation entre Quentin Destrez et son ex-compagnon.

Son frère ne savait « rien du tout » malgré les questions qu’il avait pu adresser à l’accusé au lycée, quand des rumeurs avaient couru sur une potentielle relation homosexuelle entretenue avec la victime.

A une collègue à qui il se confie au travail, il parle pudiquement d’un « coloc du Nord », à l’époque où il vivait en colocation avec la victime en région parisienne, partageant le même lit.

Les membres de la famille de l’accusé qui se succèdent à la barre font état d’une relation conflictuelle depuis des années, d’un « copain étouffant » dont il aurait voulu se distancer.

L’enquêtrice brosse, elle, le portrait d’un jeune homme « aimant » et « serviable », « vedette » du centre de loisirs où il avait travaillé dans le Nord. La victime était « quelqu’un de joyeux, expressif », rapportaient à l’époque des faits ses parents, mais « discret » sur sa vie privée.

Au fur et à mesure, les questions de la présidente se concentrent sur la perception de l’homosexualité potentielle des deux hommes.

Un sujet sur lequel la famille de l’accusé « aimait bien faire des blagues », qualifiées de « lourdes » par un témoin. « Ca vous aurait choqué [que votre fils soit homosexuel] ? » interroge l’avocat général. « J’aurais accepté mon fils même s’il aimait un garçon », affirme le père de l’accusé à la barre, même s’il admet que celui-ci aurait pu lui cacher la relation « pour ne pas [les] choquer ».

Maintenant qu’il ne « subit plus [les] pressions » du jeune homme décédé, son fils est « moins stressé », conclut-il.

A ces mots, deux membres de la famille de la victime, très émus, se sont levés et ont quitté la salle.