Géorgie : un festival des Fiertés annulé après l'irruption violente de groupes d'extrême droite

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Cet évènement en plein air qui devait avoir lieu à près de la capitale géorgienne a été annulé après que plusieurs assaillants d'extrême droite eurent détruit l'estrade et brûlé des drapeaux LGBTQ.

Vue aérienne de Tbilissi, capitale de la Géorgie - Boris Stroujko / Shutterstock

Un festival prévu samedi 8 juillet à Tbilissi dans le cadre de la semaine des Fiertés LGBTQ a été annulé après que plusieurs milliers de manifestants d’extrême droite ont envahi les lieux, ont annoncé les organisateurs et les autorités de Géorgie.

Cet évènement en plein air qui devait avoir lieu à près de la capitale géorgienne a été annulé après que plusieurs assaillants d’extrême droite eurent détruit l’estrade et brûlé des drapeaux LGBTQ, a déclaré à la presse une organisatrice de la semaine des Fiertés (Pride week) de Tbilissi, Mariam Kvaratskhelia, soulignant que la police ne les en avait pas empêché.

« Les lieux ont été évacués et personne n’a été blessé », a-t-elle ajouté.

Les organisateurs de la semaine des Fiertés de Tbilissi ont accusé le gouvernement de complicité avec les groupes anti-LGBTQ violents.

Ils ont affirmé dans un communiqué que l’attaque avait été « coordonnée au préalable et convenue avec le ministère de l’Intérieur ».

Mais le ministère de l’Intérieur a assuré que les manifestants d’extrême droite étaient « parvenus à contourner les cordons policiers et à atteindre les lieux de l’évènement ».

« Nous avons réussi à évacuer les organisateurs » du festival des Fiertés de Tbilissi, a déclaré le vice-ministre de l’Intérieur Alexandre Darakhvelidze.

Plusieurs assaillants ont été arrêtés, a indiqué l’agence Interpress.

La présidente géorgienne Salome Zourabichvili, une pro-occidentale critique du gouvernement de Tbilissi, a déclaré que ce dernier devait faire en sorte que «  le festival des Fiertés se déroule en sécurité ».

« La liberté d’expression et de rassemblement sont des droits fondamentaux et leur violation est inacceptable », a-t-elle dit.

Les voix de l’opposition accusent le gouvernement de soutenir tacitement les groupes homophobes et nationalistes qui traditionnellement se rangent du côté du parti au pouvoir le Rêve géorgien lors des élections et organisent des manifestations contre les partis d’opposition pro-occidentaux.

En 2019, des centaines de militants d’extrême droite avaient brûlé des drapeaux arc-en-ciel à Tbilissi, en protestant contre la projection d’un film nominé aux Oscars ayant pour sujet l’homosexualité.

En 2013, des milliers de partisans ultra-conservateurs de l’Eglise orthodoxe avaient perturbé un rassemblement à Tbilissi à l’occasion de la journée internationale contre l’homophobie.

Les participants à cette journée avaient dû monter dans des autobus mis à leur disposition par la police pour échapper à la foule qui les poursuivait, lançant sur eux des pierres, brisant des vitres et menaçant de les tuer.

Le lendemain, des milliers de Géorgiens avaient signé une pétition en ligne demandant des poursuites à l’encontre des assaillants.

La Géorgie a décriminalisé l’homosexualité en 2000, et adopté des lois anti-discrimination en 2006 et 2014.

Mais l’homosexualité est très stigmatisée en Géorgie, où l’influente Eglise orthodoxe mène un combat idéologique avec les parti politiques pro-occidentaux sur les sujets de société.