David Dibilio, du festival « + De Genres » : « L'idée du festival est de donner à voir des projets qui sont à la croisée de la qualité artistique et de la sincérité de l'engagement »

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Le Festival « + De genres », ce sont 14 rendez-vous avec des artistes, chorégraphes et danseur•euses principalement mais pas seulement, proposé par KLAP, Maison pour la danse, à Marseille, du 16 au 25 mars. Komitid est partenaire de cette édition et on en parle avec David Dibilio, Directeur des productions et adjoint à la programmation.

Image du spectacle « Dioscures » de Marta Izquiero-Muñoz
Image du spectacle « Dioscures » de Marta Izquiero-Muñoz, le 16 mars à 20 heures - DR

Le Festival « + De Genres », ce sont 14 rendez-vous avec des artistes, chorégraphes et danseur·euses principalement mais pas seulement, proposé par KLAP, Maison pour la danse, à Marseille, du 16 au 25 mars. Komitid est partenaire de cette édition et on en parle avec David Dibilio, Directeur des productions et adjoint à la programmation.

Komitid : La thématique du genre est depuis quelque temps en tête des préoccupations, y compris dans le domaine artistique. Qu’est-ce que le festival « + De Genres » propose de différent ou d’innovant sur le sujet ?

David Dibilio : Cela fait bien longtemps en effet que ces questions sont pensées. Aussi par les artistes. Aujourd’hui on peut dire qu’elle sont dans l’air du temps, que ces sujets sont très traités et débattus. Et comme tout sujet à la mode, on peut rencontrer parfois des effets d’opportunisme. L’idée du festival est de donner à voir des projets qui sont à la croisée de la qualité artistique et de la sincérité de l’engagement, dans une grande diversité de formats, et cela depuis sa création par Michel Kelemenis il y a une dizaine d’années déjà.

Pourquoi avez-vous choisi d’ouvrir le festival avec « Performing Gender-Dancing In Your Shoes » et pouvez-vous nous présenter cette création ?

C’est un projet sur quatre ans soutenu par le programme Europe Creative, centré sur le développement des publics. Le projet est mené dans toute l’Europe par 11 structures partenaires. Sensibilisation aux questions de genre, mixité et déconstruction culturelles et sociales, implication des populations : tels sont les objectifs de Dancing In Your Shoes.
A KLAP, c’est une trentaine de participant·es amateur·rices qui s’engage dans ce projet piloté par une autrice (Anne Rehbinder), un chorégraphe (Arthur Pérole) et un danseur (Luc Bénard). Ce sera le spectacle d’ouverture du festival, en présence de nos partenaires européen·ne·s venu·e·s à Marseille pour l’occasion, et nous le découvrirons en même temps que le public !

La figure de Monique Wittig est convoquée durant ce festival avec la pièce » Amazones » de Marinette Dozeville. Est-ce une façon de lui rendre hommage, 20 ans après sa disparition et dans une année très marquée par son œuvre ?

Monique Wittig n’a probablement jamais été aussi populaire, autant citée comme source d’inspiration, et c’est tant mieux. L’invitation à Amazones s’est plutôt faite à l’adresse de sa chorégraphe, Marinette Dozeville, dont je connais le talent, l’implication et l’honnêteté de l’engagement, artistique et militant, depuis des années. KLAP est très fier de clore le festival avec cette pièce.

Il y a des spectacles aussi pour les enfants durant ce festival. Je pense en particulier à « Anima », dont nous avions parlé avec son créateur. Que pensez-vous des interdictions des spectacles de drag queens aux enfants, comme on a pu le voir à Toulouse et comme c’est le cas dans certains états américains ?

Absurde, contre-productif et tout à fait scandaleux. Il faut que les élu·es , les associations et chacun·e d’entre nous se prononcent contre une censure toujours prête à frapper sous couvert de la protection de l’enfance. C’est le propre de l’accès à l’art et à la culture dès le plus jeune âge : faire que les enfants développent leur propre esprit critique. C’est la raison pour laquelle des espaces de liberté d’expression comme « + de Genres » restent indispensables, y compris avec des propositions qui s’adressent au jeune public. Le recul de la liberté, celle des corps et de la pensée, est toujours un danger.

« Le recul de la liberté, celle des corps et de la pensée, est toujours un danger »

« + De Genres », ce sont aussi des performances, de la musique, des sets. C’est important de ne pas se « cantonner » à la danse ?

En effet, si la grande majorité de la programmation est pensée autour de propositions chorégraphiques, cette édition se déploie jusqu’au live et au DJ set mais aussi au dessin, avec l’exposition de l’artiste marseillais Lazare Lazarus dont le travail est tout à fait précieux dans ce qu’il montre et conserve d’un art pédé qui ne cherche pas à être « bien sous tout rapport ». C’est important de ne pas se cantonner à produire des images asexuées, lisses ou instagramées.

Festival « + De Genres », du 16 au 25 mars, KLAP Maison pour la danse, 5, avenue Rostand, 13 003 Marseille.

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