Cyberharcèlement du chanteur Eddy de Pretto : le jugement attendu

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Le tribunal correctionnel de Paris doit rendre lundi sa décision au terme du procès contre 17 personnes, jugées pour le harcèlement aggravé en ligne du chanteur Eddy de Pretto, cible d'insultes homophobes et de menaces de mort.

Eddy de Pretto
Eddy de Pretto (ici en 2018) - Melanie Lemahieu / Shutterstock

Invité à donner un concert le 17 juin 2021 à l’église Saint-Eustache à Paris dans le cadre d’un festival, Eddy de Pretto avait interprété son morceau A quoi bon, évoquant les difficultés à concilier son homosexualité et sa foi.

A l’issue de sa performance postée sur Instagram, il avait reçu près de 3.000 messages d’insultes et de menaces de mort.

Les 17 prévenus âgés de 20 à 26 ans – qui ont déclaré à peine connaître Eddy de Pretto au moment des faits et qui revendiquent pour la plupart leur foi catholique – avaient exprimé leur indignation sur Instagram, soit en commentaire public sous la publication du chanteur soit directement à son attention, en message privé.

“Espèce de gigantesque fiotte”, “crève en enfer sale chien”, “gros sac à merde à souiller notre religion”, clamaient les messages.

Des expressions de haine qui ont incité le chanteur à s’attacher les services d’un garde du corps et à déposer une plainte, déclenchant une enquête ouverte par le Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PLNH) du parquet de Paris.

“J’ai eu très peur de sortir de chez moi, des troubles du sommeil, (…) des troubles dépressifs, je n’arrivais pas à comprendre cette violence”, a encore indiqué le chanteur, notant que le curé de Saint-Eustache lui avait “exprimé tout son soutien”.

Le parquet avait requis le 7 octobre des peines de trois à six mois de prison avec sursis. Les peines les moins sévères avaient notamment été réclamées contre des prévenus “ayant amorcé un début de réflexion sur les actes commis”.

La procureure avait qualifié les messages adressés à Eddy de Pretto d’“abus à la liberté d’expression”. “Vous auriez pu écrire : “la communauté catholique est outrée, vous faites ça pour le buzz, c’est indécent, nous allons mettre en oeuvre les moyens juridiques pour répondre à ce blasphème””, avait-elle fait remarquer aux prévenus.

Les avocats de la défense ont plaidé la relaxe, la réduction des peines ou encore la non-inscription au casier judiciaire, certains remettant en cause la qualité de l’enquête – qu’ils ont jugée “décevante” – ou l’intelligence artificielle d’Instagram.

Eddy de Pretto, 29 ans, a sorti en 2021 un deuxième album intitulé A tous les bâtards. Il avait écoulé 300 000 exemplaires du précédent, Cure.