Singapour : la communauté LGBTI+ salue l'abrogation d'une loi discriminatoire, mais avec prudence

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Le Premier ministre Lee Hsien Loong a annoncé dimanche que son gouvernement allait prochainement abroger la loi criminalisant les relations sexuelles entre hommes, qui date de l'époque coloniale britannique.

Rassemblement « Pink Dot » à Singapour, le 1er juillet 2017
Rassemblement « Pink Dot » à Singapour, le 1er juillet 2017 - Watsamon Tri-yasakda / Shutterstock

La communauté LGBTI+ de Singapour a salué le 22 août le projet gouvernemental de décriminalisation des relations sexuelles entre hommes, tout en avertissant que le maintien de la définition traditionnelle du mariage ne ferait que renforcer les inégalités.

Le Premier ministre Lee Hsien Loong a annoncé dimanche que son gouvernement allait prochainement abroger la loi criminalisant les relations sexuelles entre hommes, qui date de l’époque coloniale britannique.

L’article 377A du code pénal singapourien prévoit une peine maximale de deux ans d’emprisonnement pour les relations sexuelles entre hommes, même si aucune personne n’a été arrêtée ou poursuivie depuis plus d’une décennie, affirment des militant•es.

Les défenseur·es des droits LGBT+ affirment depuis longtemps que cette loi va à l’encontre de la culture de la cité-Etat, et ont échoué à faire annuler ce texte devant les tribunaux.

“Je suis ravi et soulagé pour la communauté LGBT de Singapour”, a déclaré Roy Tan, l’une des personnes qui avait attaqué la loi en justice sans succès, décrivant l’abrogation comme le résultat d’une lutte “laborieuse”.

L’annonce du Premier ministre a cependant placé un obstacle sur la voie de l’égalité de tous devant le mariage.

Le gouvernement va amender la constitution pour protéger la conception du mariage – entre un homme et une femme – telle qu’elle est actuellement définie par la loi.

“La plupart des Singapouriens ne veulent pas que l’abrogation de la loi déclenche un changement drastique dans nos mœurs”, a affirmé M. Lee.

Lee Hsien Loong a déclaré que les politiques nationales, notamment d’accès aux logements publics subventionnés ou en matière d’adoption, continueraient de se fonder sur la définition traditionnelle du mariage.

“Nous exhortons le gouvernement à ne pas tenir compte des récents appels des conservateurs religieux à inscrire la définition du mariage dans la constitution”, ont déclaré dimanche soir une vingtaine d’organisations LGBT+ dans un communiqué commun.

“Une telle décision portera atteinte au caractère séculier de notre constitution, entraînera de nouvelles discriminations (…) et liera les mains des futures législatures”, estiment-ils.

Le militant Roy Tan espère qu’à l’avenir “nous pourrons garder la tête haute, égaux aux yeux de la loi, au lieu de vivre en tant que citoyens marginalisés et de seconde zone dans notre propre pays”.

Selon Maria Sjodin, de l’organisation OutRight Action International, cette abrogation “devrait également inspirer la lutte continue à travers le monde pour supprimer les lois qui entravent l’égalité et le respect des personnes LGBTQ”.

Selon un rapport publié en 2020 par l’ONG ILGA, l’homosexualité est interdite dans 69 pays et peut être punie de mort dans 11 d’entre eux.