L'essai ANRS Quatuor montre que prendre les antirétroviraux par intermittence est aussi efficace qu'au quotidien

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L'essai ANRS Quatuor, mené en collaboration avec des équipes de recherche de l'Inserm et des cliniciens de l'AP-HP, a montré que la prise de comprimés d'antirétroviraux quatre jours par semaine était aussi efficace qu'une prise quotidienne.

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Prendre ses comprimés d’antirétroviraux contre le VIH quatre jours sur sept permet de conserver le même niveau d’efficacité qu’une prise quotidienne, selon les résultats définitifs de l’essai Quatuor, communiqués mardi par l’Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS).

Les médicaments antirétroviraux permettent de limiter la charge virale dans l’organisme des personnes infectées et de les maintenir en bonne santé, ainsi que d’empêcher la transmission du VIH à leurs partenaires.

De nombreux projets cherchent, depuis plusieurs années, à alléger le quotidien des personnes séropositives et à réduire le coût de leur traitement tout en maintenant l’indétectabilité virale.

« Plusieurs stratégies visant à limiter la toxicité médicamenteuse à long terme et à améliorer l’observance au traitement sont actuellement explorées, par exemple l’utilisation de traitements injectables à longue durée d’action, le passage à une bithérapie ou encore la réduction des doses », rappelle l’ANRS dans un communiqué.

L’essai ANRS Quatuor, mené en collaboration avec des équipes de recherche de l’Inserm et des cliniciens de l’AP-HP, a montré que la prise de comprimés d’antirétroviraux quatre jours par semaine était aussi efficace qu’une prise quotidienne.

Cet essai, objet d’un article publié début février dans le Lancet HIV, a inclus, entre septembre 2017 et janvier 2018, 636 adultes infectés par le VIH et sous trithérapie antirétrovirale, dans 59 hôpitaux français. Le suivi a duré 48 semaines.

« La stratégie Quatuor utilise la même combinaison efficace et tolérée déjà en cours chez le patient, sans introduction de nouvelle molécule », selon Pierre de Truchis, infectiologue à l’hôpital Raymond Poincaré de Garches qui a participé à la direction de l’étude et est cité dans le communiqué.

Un groupe de 318 patients a pris son traitement antirétroviral quatre jours de suite, avant trois jours de pause. Dans 96 % des cas, les participants à l’étude ont montré une réponse immunitaire positive, contre 97 % des 318 patients prenant des antirétroviraux tous les jours.

Les effets indésirables du traitement ont été moins observés dans le groupe de patients au régime intermittent que dans les personnes suivant un traitement quotidien.

Et, dans 59 % des cas, les patients prenant leurs médicaments quatre jours sur sept ont fait part d’une amélioration de leur qualité de vie, contre 7 % du groupe continu.

Les résultats de cette étude ouvrent aussi la voie à une diminution des coûts du traitement antirétroviral, enjeu encore plus important pour les pays pauvres. Quatre jours de traitement abaissent la facture à 4 127 euros par an en moyenne, contre 7 207 euros pour une prise quotidienne, selon l’ANRS.

« Des études virologiques et pharmacologiques supplémentaires, ainsi que l’efficacité à plus long terme (96 semaines), sont en cours d’analyse », selon Dr Roland Landman, un des copilotes de l’étude, cité dans le communiqué.

Cet essai Quatuor est la suite de l’étude pilote ICCARRE initié dès 2003 et présenté en 2010 par le Pr Jacques Leibowitch, un des pionniers de la lutte contre le sida, décédé en 2020 et qui sur ce sujet comme sur d’autres, a été visionnaire. C’est en effet lui qui dès 1994 initie les premières trithérapies.