Sénégal : des députés de l'opposition veulent renforcer la répression de l'homosexualité

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La proposition de loi vise à punir les personnes LGBT « d'une peine de cinq à dix ans d'emprisonnement ferme et d'une amende d'un million à cinq millions FCFA (1 500 à 7 625 euros) ».

Une rue de Dakar, au Sénégal, en 2019 - De Curioso.Photography / Shutterstock

Un groupe de députés au Sénégal a déposé mercredi 22 décembre une proposition de loi visant à renforcer la répression de l’homosexualité dans ce pays d’Afrique de l’Ouest à majorité musulmane.

La proposition de loi est portée par les députés Mamadou Lamine Diallo, Cheikh Bamba Dièye, Aliou Souaré et Moustapha Guirassy, tous de l’opposition parlementaire.

Elle vise à modifier l’alinéa 3 de l’article 319 du code pénal pour punir « d’une peine de cinq à dix ans d’emprisonnement ferme et d’une amende d’un million à cinq millions FCFA (1 500 à 7 625 euros) sans possibilité d’accorder des circonstances atténuantes quiconque aura été reconnu coupable d’actes contre nature ».

L’article que les députés cherchent à mofifier stipule dans sa version actuelle que « sera puni d’un emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 100 000 à 1 500 000 francs (152 à 2 286 euros), quiconque aura commis un acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe ».

« Le bureau de l’Assemblée nationale va se réunir prochainement pour se prononcer sur la recevabilité » de la proposition, a dit le député Mamadou Lamine Diallo au cours d’une conférence de presse mercredi à Dakar.

Il a précisé que le collectif And Samm Mikko (Ensemble pour la sauvegarde des valeurs, en wolof) fondé par l’ONG islamique Jamra, à l’origine de cette proposition de loi, est composé « d’associations sénégalaises de tous bords qui ont pris leurs responsabilités ».

Le 23 mai, plusieurs centaines de manifestants s’étaient rassemblés à Dakar pour demander au gouvernement d’adopter avec « urgence une loi criminalisant l’homosexualité ».

Interrogé par Le Monde, Souleymane Diouf (un pseudonyme) militant sénégalais exilé en France explique : « Cela signifie que nous, les militants, sommes visés. Nous craignons aussi que les médias ou les ONG qui travaillent dans la lutte contre le VIH, épidémie avec une forte prévalence dans la communauté homosexuelle, soient condamnés par cette loi ».