3 questions à Clément Messence, président de Saint-Denis LGBTQI+

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Créée après une agression homophobe, l’association ambitionne de lutter contre les LGBTphobies et de rendre possible la visibilité LGBTQI+ à Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis et dans toute la banlieue.

Le bureau de l'association Saint-Denis LGBTQI+ : Lucas Fournier, Secrétaire général; Clément Messence, Président; Mathias Palaric, Trésorier

La création d’une association LGBTI+, c’est toujours une bonne nouvelle. Et d’autant plus quand elle se trouve hors des grandes villes. Le 16 octobre dernier, l’association Saint-Denis LGBTQI+ a été lancée. Située dans la ville du 93 dans laquelle a eu lieu la première marche des fiertés en banlieue en 2019, l’association ambitionne de lutter contre les LGBTphobies et de rendre possible la visibilité LGBTQI+ à Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis et dans toute la banlieue. Vaste programme ! Nous avons interviewé son président, Clément Messence.

Komitid : Qu’est-ce qui a motivé la création de l’association Saint-Denis LGBTQI+  ?

Clément Messence : Cet été, une grave agression homophobe s’est déroulée dans un lieu culturel de Saint-Denis, le 6B. Une trentaine de personnes s’en sont pris à cinq personnes qui sortaient de la soirée. En plus des coups, des propos homophobes ont été tenus à l’égard des victimes.

Avec un groupe de Dionysiens, nous avons été choqués par ces actes. C’est à ce moment-là que nous avons voulu créer une association dédiée à la lutte contre les LGBTphobies et en faveur de la visibilité des personnes LGBT+ à Saint-Denis et en Seine-Saint-Denis.

Quelles seront vos actions dans les prochains mois ?

Depuis notre création il y a environ un mois et demi nous n’avons pas chômé ! À l’occasion d’un premier séminaire de travail, nous avons fixé nos grandes missions, divisées en trois axes. Un premier axe dédié à l’Accueil et à la prévention pour permettre un accueil, une écoute, et un soutien aux personnes qui s’adressent à l’association. Nous voulons aussi lutter pour le désenclavement des personnes isolées, des jeunes, et pour un accompagnement des demandeurs d’asile LGBTQI+ dans leurs démarches administratives en lien avec les associations spécialisées.
Un second axe est dédié à l’éducation. Nous souhaitons faire des intervention en milieu scolaire, sportif et professionnel, mais aussi toucher les familles dont un membre est LGBTQI+ pour les accompagner dans l’acceptation. Le troisième axe est dédié à la santé en nouant des partenariats avec les acteurs locaux : l’Hôpital Delafontaine, les Centres Municipaux de Santé, la Maison des femmes, les médecins de villes et soignant.e.s libéraux, etc.

« Beaucoup trop de victimes refusent de porter plainte, notamment les mineurs, de peur d’être outés auprès de leurs familles, à cette occasion »

Par ailleurs, dans le cadre d’une autre agression à caractère LGBTQIphobe, nous avons rencontré la commissaire divisionnaire de Saint-Denis il y a quelques jours pour évoquer la manière dont nous pourrions accompagner les personnes victimes de LGBTphobies dans leur parcours de dépôt de plainte. Beaucoup trop de victimes refusent de porter plainte, notamment les mineurs, de peur d’être outés auprès de leurs familles, à cette occasion. Nous allons travailler ensemble sur ces sujets.

Comment comptez-vous agir sur un territoire très vaste et qui peut cumuler un grand nombre de difficultés ?

Notre association qui démarre compte malgré tout une trentaine de sympathisants, ce qui nous permettra une montée en charge qu’on espère rapide. Pour rendre opérantes les missions que nous nous sommes fixées, nous travaillons actuellement à une prise de contact avec les acteurs associatifs qui pourront être supports de nos actions sectorielles. Nous avons également écrit aux acteurs institutionnels du territoire : ville, département, région et députés pour porter à leur connaissance notre création et tisser des liens de confiance. À ce titre, nous serons présents le 9 novembre prochain aux rencontres départementales de la lutte contre les discriminations, organisées par le Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis.

Nous avons également adhéré à l’Inter-LGBT, qui a d’ailleurs tenu son assemblée générale annuelle à la mairie de Saint-Denis, à notre invitation.

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