Oui ! Les Suisses votent largement pour le mariage pour tou·tes

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Les Suisses ont lancé un oui retentissant en faveur du mariage pour tou·tes lors d'un référendum dimanche 26 septembre, imposant une cuisante défaite à ses opposant·es, qui veulent y voir une menace pour le bien-être de l'enfant.

banderole incitant à voter "OUI" à la Zurich Pride du 4/9/21 - capture d'écran twitter @mariage_OUI Comité national Mariage civil pour toutes et tous @mariage_OUI
Banderole incitant à voter "OUI" à la Zurich Pride du 4/9/21 - Capture d'écran twitter @mariage_OUI Comité national Mariage civil pour toutes et tous @mariage_OUI

Mise à jour : lundi 11h33

Selon les résultats définitifs communiqués par le gouvernement fédéral, dimanche 26 septembre, les Suisses se sont prononcés à 64,1 % en faveur du mariage pour tous.

 

Le oui a recueilli 64 % des voix selon des chiffres encore provisoires publiés dimanche 26 septembre et il semble en passe de l’emporter dans tous les cantons du pays, y compris les plus conservateurs.

« C’est un jour historique ». La formule revenait sur toutes les lèvres au QG des partisans du oui, dans un restaurant de Berne, pavoisé de drapeaux arc-en-ciel et où Mona Gamie, une Drag queen ceinte d’un fourreau bleu scintillant, entonnait L’hymne à l’amour d’Edith Piaf pour marquer l’occasion.

« Aujourd’hui, c’est le reflet du changement de mentalité qu’il y a eu ces 20 dernières années »

« Aujourd’hui, c’est le reflet du changement de mentalité qu’il y a eu ces 20 dernières années, c’est vraiment le reflet de cette très large et très importante acceptation des personnes LGBT dans la société  », s’est félicitée Olga Baranova, porte-parole du comité du oui, auprès de l’AFP.

Pour Deborah Heanni, membre du collectif Libero qui a fait campagne pour le oui, « c’est un jour de fête, de victoire après huit ans de campagne  ». Et de souligner que la Suisse en adoptant le mariage pour tou·tes « se met au même rang que les autres pays au niveau de cette ouverture et de cette progression ».

Les Pays-Bas ont ouvert la voie dès 2001 en Europe occidentale. En France, le mariage pour tou·tes est légal depuis 2013, en Allemagne depuis 2017.

Si la victoire du oui n’est pas une surprise, son ampleur l’est, alors que les opposant·es avaient mené une fin de campagne offensive à coup d’affiches électorales choc et semblaient remonter dans les sondages.

Campagne offensive

Les posters déploraient la marchandisation de l’enfant et affirmaient que « le mariage pour tous tue le père ». Sur l’un d’eux, on peut voir un bébé en pleurs, avec une étiquette à l’oreille d’habitude réservée au bétail, et cette question : « Des bébés sur commande ? ». Sur une autre, une énorme tête de zombie, censée représenter un père décédé, fixe les passants. Une école primaire en Valais avait même décidé de la recouvrir car elle effrayait les enfants.

Les couples gays et lesbiens peuvent déjà nouer un pacte civil en Suisse depuis 2007 mais le nouveau texte confère de nouveaux droits et il prévoit notamment que les couples de même sexe puissent adopter un enfant conjointement.

Les couples de femmes pourront de surcroît recourir au don de sperme. C’était l’un des points les plus controversés et mis en avant par les opposants.

Pour Monika Rüegger, députée fédérale du parti populiste UDC – premier parti de Suisse – ce dimanche est un « jour noir  » pour le bien-être des enfants. Interrogée par l’agence ATS-Keystone, elle dit craindre la gestation pour autrui ou le don d’ovules ne soient exigés ensuite.

Benjamin Roduit, député fédéral du parti du Centre, a souligné sur la chaîne publique RTS que pour lui le mariage pour tou·tes entre adultes consentants n’est pas un problème mais il a dit craindre, en revanche, que cela n’ouvre les portes à l’accès au don de sperme pour les couples de lesbiennes.

Selon les estimations de l’institut gfs.bern, les électeurs ont très largement rejeté une seconde proposition qui leur était soumise, lancée par des jeunes du Parti socialiste, qui a pour slogan « L’argent ne travaille pas, toi oui !  ». Surnommée initiative « Robin des bois », elle a obtenu 34 % de réponse positives.

L’initiative demandait que les revenus du capital – les intérêts, les dividendes par exemple – soient imposés 1,5 fois plus que ceux du travail.

Avec l’AFP