Assises du Val-d'Oise : la famille de la victime décrit un homme serviable et prévenant

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Serviable, prudent, jamais insistant : la famille et d'anciens partenaires sexuels ont décrit au cours du troisième jour d'audience devant la cour d'assises du Val-d'Oise un homme qui a vécu son homosexualité dans la discrétion, avant son meurtre violent en 2018 à son domicile de Jouy-le-Moutier.

Symbole du droit et de la justice
La balance, symbole du droit et de la justice / Shutterstock

Un jeune homme de 22 ans (18 ans au moment des faits) est jugé depuis lundi pour assassinat dans cette affaire.

« L’homme idéal n’existait pas mais il s’en rapprochait », a raconté la mère de trois enfants de la victime, évoquant un ex-mari très attentif et prudent. Elle a décrit vingt ans de vie commune dominés par le calme et l’écoute, avant un divorce en 2008, sans avoir soupçonné les attirances de son ex-mari pour les hommes. Si l’une de ses filles avait pu surprendre des conversations à caractère sexuel de son père avec des hommes, la victime, qui vivait seule, n’avait jamais présenté de petit ami à sa famille.

Le 22 janvier 2018, les policiers découvrent le corps de ce chef comptable de 55 ans baignant dans une mare de sang, le visage tuméfié, de longues plaies au niveau du cou et des hématomes au niveau du pubis… D’après les médecins légistes, outre un couteau, un objet tel qu’un tisonnier a pu être utilisé lors de l’agression. « Ce n’est plus son visage mais quelque chose de défiguré, rouge, bleu, étalé, méconnaissable », a décrit à la barre sa fille aînée, âgée de 34 ans et qui l’a vu à la chambre mortuaire.

Plusieurs photos de la victime, père de quatre enfants, ont été projetées : à Noël, en vacances, avec ses enfants encore bébés… L’homme, de taille et corpulence moyennes, y apparaît avec un sourire discret, yeux bleus, cheveux bruns coupés court et rasé de près. « Moi j’ai eu la chance à mon mariage d’avoir Papa qui m’emmène. Mon petit frère va se marier, il aura une chaise vide, c’est normal ? », s’est émue sa fille, en larmes, vêtue d’un chemisier, d’un blazer et d’un pantalon noirs. « Cet événement a détruit notre vie », a lâché l’ex-épouse de la victime.

Durant cette troisième journée de l’audience dont le verdict est attendu vendredi, l’accusé, âgé de 22 ans, pull et pantalon beige, est resté courbé dans le box, regard fixé au sol.

« Confident sur ma sexualité »

Âgé de 18 ans au moment des faits, l’accusé a rencontré la victime après lui avoir fixé un rendez-vous sur un site notamment utilisé par la communauté gay. Pour les parties civiles, le comptable a été victime d’un guet-apens. L’accusé a reconnu l’avoir agressé mais sans intention de le tuer et sans pouvoir expliquer les raisons de son geste. Il a toutefois relié l’élément déclencheur de sa violence à un geste : lorsque la victime a posé la main sur sa cuisse. Selon lui, il a été poursuivi jusque dans la cuisine par le quinquagénaire, qui souhaitait avoir un rapport sexuel avec lui. Il s’est senti acculé, l’a frappé et lui a asséné plusieurs coups de couteau.

Deux jeunes hommes, anciens partenaires de la victime, qui l’avaient rencontré via le même site ont décrit à la barre un homme doux, jamais insistant, même lorsqu’un refus de rapport sexuel lui était opposé. « C’est déjà arrivé (un refus, ndlr) et ce n’était pas un problème. Il n’a pas essayé d’insister ou d’avoir des comportements violents », a témoigné un homme de 24 ans qui a entretenu une liaison de quelques mois avec lui. « Je pouvais parler de tout avec lui, il a été le confident sur ma sexualité pendant un bon moment », a poursuivi cet aide soignant.

La veille, un expert psychiatre a expliqué que malgré ses dénégations, l’accusé était tourmenté par la question de l’homosexualité qui pourrait être à l’origine de son agressivité envers les gays.