Assises du Val-d'Oise : une éventuelle homosexualité refoulée à l'origine de l'assassinat d'un gay

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Un expert psychiatre a décrit mardi devant la cour d'assises du Val-d'Oise les questionnements sur l'homosexualité d'un jeune accusé comme possible source de la violence qui l'a conduit à assassiner en 2018 un homosexuel rencontré sur un site gay.

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Salle d'audience / Shutterstock

Agé de 18 ans au moment des faits, le jeune homme de 22 ans est jugé jusqu’à vendredi pour avoir tué à coups de couteau puis de barre de fer un chef comptable de 55 ans, au domicile de ce dernier, à Jouy-le-Moutier (Val-d’Oise). S’il a reconnu les faits lors de l’instruction, il n’a pas su les expliquer. Il a toutefois relié l’élément déclencheur de sa violence à un geste : lorsque la victime a, selon lui, posé la main sur sa cuisse, cherchant à initier un rapport sexuel.

Egalement mis en examen dans une affaire d’extorsion et de tentative de meurtre ciblant deux hommes homosexuels, il aurait justifié ce ciblage par une volonté de vengeance, à la suite d’une agression sexuelle durant l’enfance, selon un expert psychiatre entendu mardi par la cour.

« Dans cette agressivité revendiquée vis-à-vis des homosexuels, on sait qu’il y a des questions concernant sa propre sexualité qui ne sont pas résolues », a commenté le psychiatre, considérant que les interrogations sur la sexualité sont « une problématique évidente » dans cette affaire, malgré les dénégations de l’accusé qui se dit hétérosexuel.

Les médecins légistes ont décrit la scène d’un crime particulièrement violent. La victime a été retrouvée dans un bain de sang, le visage tuméfié, avec de longues plaies au niveau du cou et des hématomes au niveau du pubis… « Un acharnement », selon l’avocate de la famille de la victime, Caty Richard.

La question de l’altération du discernement s’est invitée dans les débats via une crise de démence de l’accusé, survenue en 2019 en maison d’arrêt.

« L’hypothèse la plus probable est qu’il avait des troubles de la personnalité jusque-là silencieux, des interrogations sur sa sexualité beaucoup plus complexes qu’il ne veut bien le dire », a analysé l’expert psychiatre, décrivant un jeune homme avec « un délire paraphrénique exceptionnel et sans fin », à connotation messianique.

« Vous ne retenez pas une irresponsabilité pénale ? », lui a demandé la présidente de la cour.  « Son discernement n’était pas aboli mais probablement altéré. On ne se décompense pas de la façon dont il a décompensé s’il n’y avait pas d’état antérieur », a répondu l’expert.

Pour un autre spécialiste, qui l’a rencontré avant sa crise de démence, l’accusé n’était atteint d’aucun trouble susceptible d’avoir aboli ou altéré son discernement.

Le verdict est attendu vendredi.

Avec l’AFP.