Guet-apens d'un homosexuel : aux assises, un accusé hanté par ses démons

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Au premier jour de son procès aux assises du Val-d'Oise, un jeune homme de 22 ans a été décrit lundi par son entourage comme réservé et calme, un portrait tranchant avec la violence du meurtre qui lui est reproché d'un homosexuel en 2018.

Tribunal/Shutterstock

Gilet de sport rouge et bas de survêtement noir, le jeune homme frêle commence son audition par des condoléances à la famille de la victime – son ex-femme et ses quatre enfants – présents et habillés de noir.

Lors de l’instruction, il a reconnu les faits sans pouvoir les expliquer. « Mon client ne plaidera pas l’acquittement, c’est un débat qui portera vraisemblablement sur la peine », a déclaré son conseil Me Aloïs Blin, dans la matinée.

Le 22 janvier 2018, les policiers découvrent le corps d’un chef-comptable de 55 ans baignant dans une mare de sang, le visage tuméfié, des traces de sang sur les murs, victime d’une agression particulièrement violente dans son pavillon de Jouy-le-Moutier, petite commune située à 40 km au nord-est de Paris.

Pendant la majeure partie de la journée, l’accusé, âgé de 18 ans au moment des faits, est resté prostré dans le box, le visage tourné vers le sol, le corps se basculant légèrement par moments.

Plusieurs membres de sa famille se sont succédé à la barre et ont évoqué ses cauchemars et visions lorsqu’il était enfant et disait voir des « petits tatas », le nom qu’il donnait à des démons.

Un portrait sombre, en contradiction avec la déposition de l’enquêtrice de personnalité, qui a décrit un « parcours de vie assez lisse sans réelle difficulté, ni d’événements marquants jusqu’à l’incarcération, une stabilité familiale, des parents présents ».

« À mon avis, ma famille a essayé de me protéger en donnant l’image de moi d’une personne parfaite », a dit l’accusé lors de son interrogatoire avant de se décrire comme « mélancolique et dépressif » depuis l’adolescence, en se tortillant les mains.

Il a éludé les multiples questions sur son orientation sexuelle, évoquant à de multiples reprises des « diables qui ont arraché les connexions dans mon cerveau ».

Il est accusé d’avoir tendu un guet-apens à la victime, rencontrée sur un site principalement utilisé par des hommes homosexuels.

La veille de son deuxième rendez-vous avec le chef-comptable, il avait effectué une recherche internet sur la meilleure manière d’aiguiser des couteaux.

L’enquête pour assassinat a également conduit à sa mise en examen dans une affaire d’extorsions et d’agressions de deux hommes homosexuels avec un procédé similaire : rendez-vous fixé sur le site, rencontre, menaces avec arme blanche puis violences, avec deux complices, en octobre et décembre 2017.

Le verdict est attendu vendredi.