Afghanistan : les personnes LGBTI+ en danger de mort avec l'arrivée des talibans

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À la suite de l’arrivée au pouvoir des talibans à Kaboul, les personnes LGBTI+ sont en danger de mort en Afghanistan.

Afghanistan
Le rainbow flag et le drapeau de l'Afghanistan - Yuriy Boyko / Shutterstock

Cela fait désormais 48 heures que les talibans sont arrivés au pouvoir à Kaboul. Le mouvement islamiste radical a pris le contrôle de la capitale de l’Afghanistan dimanche 15 août, à la suite d’une offensive éclair.

Après l’accession au pouvoir des talibans, les femmes mais aussi des minorités – en particulier des membres de certaines communautés religieuses et les personnes LGBTI+ – sont en grave danger. Le média allemand Bild a interviewé en juillet un juge taliban de 38 ans, Gul Rahim. Il a été entraîné au Pakistan, a combattu contre les troupes internationales, avant d’être emprisonné pendant deux ans en Afghanistan. Après sa libération, il est devenu juge. On ne connaît pas l’étendue de l’influence et de la puissance de Gul Rahim sur les talibans.

Avec un visage impassible, le juge a détaillé au journaliste allemand le traitement cruel infligé aux personnes LGBTI+ en Afghanistan. « Il n’y a que deux sanctions pour les gays : soit la lapidation, soit ils doivent se tenir derrière un mur qui tombe sur eux. Le mur doit avoir une hauteur de 2,5 à 3 mètres », explique-t-il.

Les personnes LGBTI+ sont persécutées et doivent vivre dans la clandestinité en Afghanistan. En 1994, le chef des talibans de l’époque Mullah Omar a décidé que tout acte sexuel consentant impliquant la sodomie serait puni de la peine capitale. Le Code pénal de 1976, appliqué depuis la fin de l’occupation américaine en décembre 2014, criminalise tout acte de sodomie ou d’homosexualité. Le texte applique la loi de la charia, selon laquelle les personnes LGBTI+ peuvent être punies de la peine de mort en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. 

En Afghanistan, la loi n’offre aucune protection contre les discriminations LGBTphobes. Les associations qui défendent les communautés LGBTI+ locales sont forcées d’opérer dans la clandestinité afin d’éviter d’être attaquées.

Un rapport publié en 2015 par le Département d’État américain sur les droits de l’homme témoigne du « harcèlement, de la violence et de la détention par la police d’hommes gays  ». Des personnes LGBTI+ ont décrit avoir été battues, violées, menacées de mort et n’ont pas accès à de nombreux services de santé. Certaines d’entre elles ont été tuées par leurs parents. Les afghanes lesbiennes et trans sont particulièrement en danger. « Il y a beaucoup de femmes lesbiennes et elles n’en parlent pas publiquement », avait témoigné une femme à la BBC en 2016. « En Afghanistan, la lesbienne est considérée comme non islamique. Si les gens le découvrent, ma mort en serait le résultat. Ma famille ne doit jamais le savoir. »

Dans ses principes directeurs sur la protection internationale, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés écrit : « Le fait qu’un demandeur puisse être capable d’éviter les persécutions en dissimulant son orientation sexuelle ou son identité de genre ou en étant “ discret ” à ce sujet, ou qu’il ait agi ainsi dans le passé, n’est pas une raison valable pour lui refuser le statut de réfugié ». 

« Comme l’ont affirmé de nombreuses décisions dans de multiples juridictions, on ne peut refuser le statut de réfugié à une personne au motif qu’elle a changé ou dissimulé son identité, ses opinions ou ses caractéristiques afin d’éviter les persécutions. Les personnes LGBTI ont autant droit que les autres à la liberté d’expression et d’association », ajoute l’organisation internationale.