JO : Laurel Hubbard, haltérophile trans néo-zélandaise, rate ses JO

Publié le

L'entrée en lice lundi 2 août à Tokyo de Laurel Hubbard, une haltérophile trans néo-zélandaise, a marqué un moment historique aux Jeux olympiques. Mais sa participation suscite aussi un débat animé sur l'un des sujets les plus controversés du sport.

Laurel Hubbard
L'haltérophile néo-zélandaise Laurel Hubbard aux Jeux olympiques de Tokyo - Capture d'écran

L’haltérophile Laurel Hubbard a participé à sa première compétition aux Jeux olympiques de Tokyo ce lundi 2 août, lors de la catégorie des femmes de plus de 87 kg. L’athlète néo-zélandaise n’a malheureusement réussi aucun de ses trois essais.

Laurel Hubbard, 43 ans, a entamé sa transition de genre vers ses 30 ans. Elle est devenue sélectionnable chez les femmes après avoir satisfait aux critères du Comité international olympique (CIO) concernant les sportif·ves trans.

Sa qualification pour les JO fait d’elle la première femme ouvertement trans à concourir dans cet événement planétaire, d’après le CIO, qui a salué un moment historique pour le mouvement olympique. « Laurel Hubbard est une femme et concourt selon les règles de sa fédération. Nous devons rendre hommage à son courage et à sa ténacité  », a déclaré à la presse à Tokyo le directeur médical du CIO Richard Budgett.

Une participation historique

Les supporter·trices de Laurel Hubbard estiment que sa qualification pour les JO représente une victoire pour l’inclusivité et les droits des personnes trans.

Le débat sur sa participation est devenu virulent, notamment sur internet, ce qui a poussé le Comité olympique néo-zélandais à prendre des mesures pour la protéger des trolls des réseaux sociaux.

Les opposant·es craignent que la participation de femmes trans mette « en péril » la sécurité des autres concurrentes dans les sports de contacts, ce qui a incité la fédération internationale de rugby à les exclure de toutes compétitions l’an dernier. Mais, signe des dissensions sur la question, certaines fédérations nationales, comme New Zealand Rugby, ont elles décidé au contraire d’autoriser la participation de femmes trans au niveau amateur.

Pour justifier sa décision, World Rugby a cité des études scientifiques démontrant que les hommes avaient 30 % de force physique de plus par rapport aux femmes.

Parmi d’autres avantages, Alison Heather, physiologiste à l’Université d’Otago interrogée par l’AFP, cite des membres plus longs pour les hommes, une masse musculaire plus importante, un coeur plus large et une capacité pulmonaire plus grande, qui permet une meilleure circulation de l’oxygène et une plus grande endurance.

Mais pour Richard Budgett, il n’est pas si simple de comparer les hommes et les femmes, et les femmes trans peuvent avoir une baisse de performance lorsqu’elles passent par un processus de transition. Il estime surtout que des recherches supplémentaires sont nécessaires, et ajoute : « Considérez qu’il n’y a pas eu de femmes ouvertement transgenres au plus haut niveau jusqu’à présent (et) je pense que le risque pour le sport féminin a probablement été surestimé ».

Le CIO reconnait que le nouveau cadre – qui fournit de simples directives pour les fédérations internationales plutôt que des règles strictes – ne constitue pas le dernier mot sur ce sujet, qui va continuer longtemps à être débattu. « Il doit y avoir un juste milieu pour obtenir ce dont nous avons besoin, et quel que soit ce juste milieu, il sera probablement critiqué par certains. Ce ne sera pas la solution ultime », a déclaré le porte-parole du CIO Christian Klaue.

Avec l’AFP