Loi contre les LGBTphobies : l'Italie est « un État laïc » rétorque Mario Draghi au Vatican

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Le chef du gouvernement italien Mario Draghi a souligné mercredi 23 juin que l'Italie était « un État laïc » et que son Parlement était souverain, rétorquant ainsi publiquement aux critiques du Vatican sur un projet de loi portant sur la lutte contre les LGBTphobies et les handiphobies.

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Mario Draghi, le chef du gouvernement italien - Alexandros Michailidis / Shutterstock

« Nous sommes un État laïc, pas un État confessionnel », a déclaré Mario Draghi, le chef du gouvernement italien, devant le Sénat en recueillant des applaudissements. « Le Parlement est certainement libre de débattre et de légiférer  », a-t-il ajouté.

Dans une « note verbale » diplomatique très inhabituelle remise à l’Italie, le Vatican s’est opposé à la formulation d’un projet de loi italien consacré à la lutte contre l’homophobie.

La note affirme en effet que certaines parties du texte contreviennent à un Concordat en vigueur entre l’Italie et le Saint-Siège, car elles « réduisent la liberté de l’Église catholique » en matière d’organisation et d’exercice du culte, ainsi que « la pleine liberté  » d’expression et de pensée consentie aux fidèles et aux associations catholiques.

Punir les actes de discrimination

Le projet de loi italien vise à punir les actes de discrimination et d’incitation à la violence contre les personnes LGBTI+ et les personnes en situation de handicap. Il n’exempte pas les écoles catholiques italiennes d’une obligation de participer à des activités pour la journée nationale contre l’homophobie, qui sera fixée au 17 mai.

« Notre système juridique contient toutes les garanties pour que les lois respectent toujours les principes constitutionnels et les engagements internationaux, y compris le Concordat avec l’Église », a assuré Mario Draghi devant les sénateurs. « La laïcité n’est pas l’indifférence de l’État au phénomène religieux, la laïcité est la protection du pluralisme et de la diversité culturelle », a-t-il encore estimé.

Le texte sur « les mesures de prévention et de lutte contre les discriminations et la violence pour un motif basé sur le sexe, sur le genre, sur l’orientation sexuelle, sur l’identité de genre et sur le handicap  », porté par le député du Parti démocrate (centre-gauche) Alessandro Zan, a été approuvé à la Chambre des députés en novembre. Il est actuellement débattu au Sénat.

L’Italie et le Saint-Siège avaient normalisé leurs relations avec les accords de Latran en 1929, après soixante ans de crise. Ils comprennent un Concordat qui fut révisé en 1984 pour mettre fin notamment au statut particulier de la religion catholique, qui n’est désormais plus la religion d’État en Italie.

Avec l’AFP