La Serbie envisage de démettre son ambassadeur en Pologne pour une lettre pro-LGBTI

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Nikola Zurovac figure parmi une quarantaine d'ambassadeurs à avoir signé une lettre ouverte en faveur des personnes LGBTI+ en Pologne.

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La marche des fiertés de Belgrade en 2014 - Fotosr52 / Shutterstock

La Serbie envisage de démettre son ambassadeur en poste à Varsovie après l’appel de ce dernier à protéger les droits de la communauté LGBTI+ en Pologne, a-t-on appris de sources officielles.

Nikola Zurovac figure parmi une quarantaine d’ambassadeurs à avoir signé une lettre ouverte en faveur des personnes LGBTI+ en Pologne.

La Pologne est dirigée par le parti conservateur populiste Droit et Justice (PiS) qui fait campagne contre ce qu’il appelle « l’idéologie LGBT », comparant la promotion de ces droits à une forme de communisme.

Le ministre serbe des Affaires étrangères Nikola Selakovic a révélé que la Pologne avait annulé une visite qu’il avait prévue à Varsovie en raison de cette affaire, ajoutant que le sort de l’ambassadeur serait débattu au cours des prochains jours.

Dans une interview publiée mercredi soir sur le site du ministère, il a assuré que ce n’était pas le contenu de la lettre ouverte qui posait problème mais le fait que l’ambassadeur n’ait pas informé Belgrade de sa décision.

« Partout dans le monde, les actions des ambassadeurs sont considérées comme ayant le soutien de leur Etat. Il n’a consulté personne », a-t-il dit.

Des partis d’opposition ont accusé le pays des Balkans candidat à l’UE « d’avoir montré sa face homophobe ».

« Le fait de donner la priorité à cette visite en Pologne » au détriment « des valeurs fondamentales de l’Union européenne montre que la voie européenne de la Serbie n’est qu’un slogan agité par le parti au pouvoir au gré des circonstances », a déclaré dans un communiqué le Mouvement des citoyens libres.

La Première ministre serbe Ana Brnabic est ouvertement lesbienne mais comme dans beaucoup de sociétés patriarcales des Balkans, la communauté LGBTI+ vit souvent dans la peur.

Se tenir la main en public est impensable pour la plupart des couples du même sexe. Dans une enquête publiée en 2020 par les ONG de défense des droits IDEAS et GLIC, près de 60 % des personnes LGBTI+ disaient avoir subi sur 12 mois des violences physiques ou émotionnelles.

En décembre, le Conseil de l’Europe a classé le bilan de la Pologne en matière de droits LGBTI+ comme le pire de l’UE et déclaré que les principaux responsables politiques avaient aggravé la situation ces dernières années.

Avec l’AFP