Toulouse : difficile transfert d'une détenue trans vers le quartier des femmes

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Harcelée dans le secteur masculin de la maison d'arrêt de Seysses, une détenue trans a finalement obtenu en justice d'être transférée dans le quartier des femmes.

Une prison (illustration)
Une prison (illustration) - changTing / Flickr

Le 9 avril, une décision du Tribunal judiciaire de Toulouse confirmant son changement de genre à l’état civil a ouvert la voie au transfert, Jennifer (prénom modifié, ndlr) était notamment contrainte de porter des vêtements d’homme par le personnel pénitentiaire, selon ses comités de soutien.

Détenue depuis juin 2020, elle subissait les « propos et actes transphobes de la part de nombreux surveillants », selon Grisélidis, une association de santé communautaire qui défend les travailleur·euses du sexe, basée à Toulouse.

La décision judiciaire pose « un problème au niveau des fouilles », car Jennifer, en pleine transition, a toujours « des attributs d’homme  » selon le responsable du Syndicat pénitentiaire des surveillants (SPS) à la maison d’arrêt de Seysses. « On demande à des surveillantes de fouiller une détenue qui a des attributs d’homme  », explique le responsable du SPS, qui affirme que « la loi dit que cela doit se faire entre personnes de même sexe  ».

Mardi 20 avril, le SPS a envoyé une lettre au procureur de la République de Toulouse pour réclamer une issue légale, proposant qu’elle soit transférée au quartier trans de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, en région parisienne. Une situation que dénonce des associations. Les prisonnières de la maison d’arrêt des hommes de Fleury-Mérogis demandent à ce que les femmes trans soient enfermées dans un quartier correspondant à leur genre.

« La reconnaissance en milieu carcéral de notre identité de genre est longue et fastidieuse »

Interrogée par l’AFP, l’Administration pénitentiaire a refusé de s’exprimer sur ce dossier, se bornant à confirmer qu’une décision judiciaire avait été rendue dans ce dossier.

Avant d’intégrer le quartier des femmes, la détenue était placée à l’isolement. « Ce ne sera pas forcément plus simple pour elle dans le quartier des femmes », s’inquiète pourtant Laura Garnier, secrétaire de l’association LGBT Arc-en-Ciel Toulouse. « La reconnaissance en milieu carcéral de notre identité de genre est longue et fastidieuse », souligne-t-elle. « Déjà qu’il y a beaucoup de violence en prison, imaginez ce que peut endurer une femme trans ».

Les conditions de détention des personnes trans sont régulièrement dénoncées par les associations LGBTI+ auprès de la ministre déléguée chargée de l’Égalité femmes-hommes et de la diversité, Elisabeth Moreno. En octobre 2020, son Plan national d’actions pour l’égalité contre la haine et les discriminations anti-LGBTI+, étalé sur trois ans, prévoyait de « mieux protéger les personnes LGBT+ incarcérées ».

Avec l’AFP