L'Arkansas passe outre le veto du gouverneur et approuve la loi contre les jeunes trans

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Un jour après que le gouverneur de l'Arkansas a opposé son veto à une législation contre l'accès aux soins pour les mineur·es trans, le parlement de l'État américain est passé outre cette décision et a voté la loi.

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Un panneau « protégez les vies trans » à une manifestation - Ink Drop / Shutterstock

Lundi 5 avril, le gouverneur de l’Arkansas, Asa Hutchinson, a annoncé qu’il oppose son veto à la loi HB 1570, connue sous le nom de « Arkansas Save Adolescents From Experimentation (SAFE) » (L’Arkansas sauve les adolescents contre l’expérimentation, en français). Cette législation a pour but d’interdire l’accès aux soins de réassignation de genre pour les mineur·es trans. Tout établissement proposant ce type de soin risque alors de perdre la subvention de l’État et les professionnel·les qui continuent à traiter des patient·es mineur·es trans risquent de perdre leur permis d’exercer. Cela inclut la chirurgie, l’hormonothérapie et les bloqueurs de puberté.

Cependant, mardi 7 avril, le parlement de l’Arkansas a annulé le veto du gouverneur et a approuvé cette loi, la première de ce type aux États-Unis. La Chambre des représentants de l’Arkansas a voté à 71 voix – et 24 contre – pour annuler le veto d’Asa Hutchinson, et le Sénat a voté à 25 voix pour – et 8 voix contre –, d’après la chaîne WMC5.

« Aujourd’hui, les législateurs de l’Arkansas ont ignoré l’opposition généralisée, écrasante et bipartisane à ce projet de loi et ont poursuivi leur croisade discriminatoire contre les jeunes trans », a déclaré Holly Dickson de l’American Civil Liberties Union (ACLU) de l’Arkansas dans un communiqué, relayé par le média américain. « Comme le gouverneur Hutchinson l’a noté dans son message de veto, refuser les soins aux jeunes trans peut avoir des conséquences néfastes et potentiellement mortelles ».

« Tenter d’empêcher les jeunes trans d’accéder aux soins dont ils ont besoin simplement en raison de qui ils sont est non seulement faux, c’est aussi illégal »

La délégation de l’Arkansas de l’ACLU a annoncé intenter une action en justice contre l’État. « C’est un triste jour pour l’Arkansas, mais ce combat n’est pas terminé — et nous y sommes pour le long terme  », ajoute Holly Dickson. « Tenter d’empêcher les jeunes trans d’accéder aux soins dont ils ont besoin simplement en raison de qui ils sont est non seulement faux, c’est aussi illégal, et nous intenterons une action en justice pour contester cette loi devant les tribunaux. »

Chase Strangio, avocat pour l’ACLU, s’est également insurgé contre cette décision. « L’Assemblée législative de l’Arkansas a ignoré des dizaines de médecins locaux et d’experts médicaux nationaux, ainsi que les jeunes trans et leurs parents », explique-t-il. « Ce projet de loi chassera les familles, les médecins et les entreprises de l’État et enverra un message terrible et déchirant aux jeunes transgenres qui regardent avec peur. Les soins affirmant le genre sont des soins vitaux et l’interdiction de ces soins aura des conséquences dévastatrices et, dans certains cas mortelles. Aux jeunes trans en Arkansas : nous continuerons à nous battre pour vous. L’ACLU prépare les litiges au moment où nous parlons. Les partisans de l’ACLU de tout le pays se sont prononcés contre ce projet de loi. Nous aurons toujours votre soutien et serons implacables dans notre défense de vos droits ».

Le Trevor Projet, une association américaine de défense des droits des jeunes LGBTI+, rappelle que d’après son enquête nationale menée l’année 2020 sur la santé mentale des jeunes LGBTI+, 52 % des jeunes trans et non binaires ont sérieusement envisagé de se suicider au cours de la dernière année, contre 40 % pour le reste des jeunes LGBTI+ interrogé·es.

« Le gouverneur Hutchinson a écouté les jeunes trans et leurs médecins, ce qui n’est clairement pas le cas de la législature de l’État. Nous savions que cette dérogation pourrait se produire, mais elle est néanmoins dévastatrice parce que nous savons aussi qu’elle pourrait avoir des conséquences mortelles  », alerte Sam Brinton, vice-président·e de la défense des intérêts et des affaires gouvernementales pour le Trevor Project dans son communiqué. « Il n’est ni extrême ni sensationnel de dire que ce groupe de jeunes, qui connaissent déjà des taux disproportionnés de violence et de tentatives de suicide, serait considérablement plus exposé à l’automutilation en raison d’une législation comme HB 1570 qui les pousse plus loin dans les marges de la société ».