Turquie : un tweet du ministre de l'Intérieur signalé par Twitter pour propos LGBTphobes
Le réseau social Twitter a signalé mardi un tweet du ministre turc de l'Intérieur Suleyman Soylu qualifiant de « déviants » les personnes LGBT, estimant qu'il relevait d'une « conduite haineuse ».
Twitter a signalé mardi un tweet du ministre turc de l’Intérieur Suleyman Soylu qualifiant de « déviants » les personnes LGBT, estimant qu’il relevait d’une « conduite haineuse ».
« Devrions-nous tolérer que les déviants LGBT insultent la sainte Kaaba et tentent d’occuper le rectorat ? Bien sûr que non », a écrit le ministre dans son tweet, dénoncé par de nombreux internautes comme incitant à la haine contre les personnes LGBT+.
« Conduite haineuse »
Twitter a assorti le tweet de M. Soylu d’un avertissement indiquant que le post « a enfreint les règles de Twitter en matière de conduite haineuse », ajoutant toutefois « qu’il pourrait être dans l’intérêt du public que le tweet reste accessible ». Un tweet ainsi signalé ne peut toutefois pas être retweeté. Mais certains ont critiqué l’attitude de Twitter, expliquant que le message avait pu rester trois jours.
Too little too late, @jack ! After allowing #Turkish Interior Minister #SüleymanSoylu‘s homophobic hate speech for 3 days, @Twitter finally flags his tweet for violating rules about hateful conduct but determines that « it may be in the public interest » for it to remain accessible. pic.twitter.com/p8Eiv0mhsp
— Aykan Erdemir (@aykan_erdemir) February 2, 2021
M. Soylu avait tenu samedi des propos similaires sur Twitter, ce qui lui avait valu un premier signalement du même type.
M. Soylu se référait dans son tweet aux manifestations organisées depuis plusieurs jours en Turquie par des étudiants réclamant la démission d’un recteur d’une prestigieuse université d’Istanbul nommé par le pouvoir, et la libération de camarades arrêtés pour avoir accroché un tableau jugé insultant envers l’islam par les autorités.
Ce tableau montrait un drapeau arc-en-ciel ornant la Kaaba, un édifice cubique datant du VIIe siècle, situé au centre de la cour de la grande mosquée de la Mecque (Arabie saoudite), lieu le plus sacré de l’islam.
Lundi soir, 159 étudiants ont été interpellés à Istanbul lors de l’une de ces manifestations, et 98 d’entre eux ont été libérés mardi, selon un communiqué du gouverneur d’Istanbul.
Mardi, des dizaines de personnes rassemblées dans la capitale Ankara en soutien aux étudiants arrêtés à Istanbul ont été interpellés par les forces de l’ordre, selon un photographe de l’AFP sur place.
Les manifestants, brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « nous n’allons pas baisser les yeux » et scandant « nous ne voulons pas de recteur sous tutelle », ont été dispersés manu militari par les forces de l’ordre alors qu’ils venaient d’entamer une marche.
Certains policiers ont traîné des manifestants par terre en leur donnant des coups de pieds, selon le photographe de l’AFP.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’en était pris lundi au mouvement LGBT en l’accusant de « vandalisme » et en déclarant que la jeunesse de son parti n’y adhérait pas.
Avec l’AFP
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