Annie Proulx, l'auteure de « Brokeback Mountain », fustige les interprétations de sa nouvelle

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Annie Proulx a déclaré dans une interview à Paris Review qu’elle aimerait ne « jamais avoir écrit l’histoire » à l’origine du film « Le Secret de Brokeback Mountain ».

Annie Proulx a publié en 1997 dans le magazine The New Yorker la nouvelle « Brokeback Mountain », qui a inspiré le célèbre film du même nom (en français Le Secret de Brokeback Mountain). Réalisé par Ang Lee en 2005, le long-métrage est considéré comme l’un des meilleurs films LGBT+ et a remporté trois prix à la 78ème cérémonie des Oscars.

Dans une interview donnée à The Paris Review, Annie Proulx a avoué que le film « n’était que la cause de tracas, de problèmes et d’irritations ». « J’aurais aimé ne jamais avoir écrit l’histoire. Avant le film, tout allait bien ». Elle ajoute que les fans du Secret de Brokeback Mountain « ne peuvent pas comprendre que l’histoire ne concerne pas Jack et Ennis ».

Annie Proulx Brokeback Mountain

Annie Proulx, l’auteure de l’histoire à l’origine du film « Le Secret de Brokeback Mountain » – Fuzheado / Commons

L’auteure poursuit en expliquant que la nouvelle parle de « l’homophobie ; il s’agit d’une situation sociale ; il s’agit d’un lieu, d’un état d’esprit et d’une moralité particulières ».

Annie Proulx critique les fanfictions créées à la suite du film. Les fans réécrivent l’histoire en ajoutant « toutes sortes de petits amis et de nouveaux amants et ainsi de suite après la mort de Jack », ce qui « la rend folle  ». « Ce n’est pas l’histoire que j’ai écrite. Ce ne sont pas [vos] personnages. Les personnages m’appartiennent de par la loi  », explique-t-elle.

« C’est une histoire forte et elle ne devrait pas être massacrée pour que tout le monde vive heureux pour toujours. »

« Une des raisons pour lesquelles nous gardons les portes verrouillées ici est que beaucoup d’hommes ont décidé que l’histoire aurait dû avoir une fin heureuse. Ils ne peuvent pas supporter la façon dont cela se termine – ils ne peuvent tout simplement pas le supporter ».

Pour lutter contre cela, Annie Proulx a écrit en 2014 un livret pour un opéra inspiré de Brokeback Mountain. Elle veut à tout prix s’assurer que l’histoire ne soit pas « ruinée » par une fin heureuse. « C’est une histoire forte et elle ne devrait pas être massacrée pour que tout le monde vive heureux pour toujours. (…) Je veux garder l’histoire telle qu’elle est », précise l’auteure.