Nicolas Maury : « Pour moi l’humour, c’est de me sentir un peu comme Delphine Seyrig sous poppers ! »

Publié le

Nicolas Maury est dès mercredi prochain à l’affiche de son premier film comme réalisateur, le très délicat « Garçon chiffon ». Komitid a rencontré le comédien-réalisateur pour une conversation à bâtons rompus et sans filtre.

Nicolas Maury, réalisateur et acteur principal de « Garçon chiffon » - Les films du Losange
Article Prémium

Alors que vous l’avez retrouvé depuis mercredi dernier dans son rôle culte d’Hervé, assistant devenu agent dans la saison 4 de la série Dix pour cent, Nicolas Maury sera dès mercredi prochain à l’affiche de son premier film comme réalisateur, le très délicat Garçon chiffon. Komitid a rencontré le comédien-réalisateur pour une conversation à bâtons rompus. 

Komitid : Vous êtes devenu populaire avec un rôle de jeune homme gay drôle et parfois naïf dans une série. Est-ce qu’il y avait dans l’idée de Garçon chiffon l’envie de créer un contrepoids à ce personnage fort ?

Nicolas Maury : Oui, en tout cas quelque chose qui soit différent de Dix pour cent et de ce que j’ai pu faire aussi chez Yann Gonzalez dans Les Rencontres d’après-minuit ou Un couteau dans le cœur. Il y avait cette idée au début du film de reprendre des codes d’Hervé, de faire un lien pour que cela ne soit pas une cassure inélégante. On se sent responsable de l’amour que les gens nous portent. J’ouvre une parenthèse mais c’est ce que j’adore chez Vanessa Paradis, quand elle fait des concerts elle reprend toujours Joe le taxi parce qu’elle sait que cela tient à cœur au public de l’entendre. Et j’adore l’état d’adolescence, c’est un glissement, ce n’est pas du on-off. Donc oui il fallait passer d’Hervé à Jérémie en douceur. Et la fin du film est aussi une transition vers d’autres personnages plus durs, plus dramatiques. 

L’homosexualité n’est pas le sujet du film mais Garçon chiffon met en scène Jérémie, un comédien gay, son couple avec Albert, un vétérinaire incarné par Arnaud Valois. Est-ce qu’il y avait pour vous une responsabilité à intégrer ces personnages qui existent si peu au cinéma ?

Oui bien sûr ! Une responsabilité et une envie que ce soit très désirable, que cela donne envie même à un homme qui aime les femmes d’être Jérémie, qu’on ait envie d’embrasser Jérémie, Albert et qu’il y ait de la libido et de la compréhension envers ce couple. Mais c’était une vraie responsabilité parce que moi je viens de l’école Philippe Garel et pour lui le cinéma, c’est trouver les couples. Lui c’était les couples hommes-femmes, moi c’est les couples hommes-hommes mais l’enjeu est le même. Un couple au cinéma cela doit créer du désir. J’aimais bien que ces deux-là aient vécu un amour un peu trop grand pour eux. J’aimais bien l’idée de raconter ça d’un couple homosexuel. J’aimerais bien faire une grande saga romantique, j’y pense souvent et il y aurait des vampires parce que ce sont eux qui m’ont autorisé à être homosexuel. Ils sont souvent bis et comme ils sont éternels et immortels, l’amour et le chagrin deviennent cycliques chez eux, c’est magnifique comme idée. Ils voient tout de loin alors que l’amour c’est souvent ce qu’on voit de trop près et qui nous fait trop mal. L’un des enjeux du film, c’était que ce soit un amour trop vibrant, trop déchirant entre deux hommes. C’est important d’adresser secrètement des films, moi ce film je l’adresse à l’amitié alors que c’est un pôle presque absent du récit. Je crois véritablement que la plus grande histoire de ma vie c’est l’amitié. J’aime l’idée de la communauté également dans le travail sur les films, et Garçon chiffon, le film, est conçu pour être le meilleur ami de quelqu’un.

Pour continuer la lecture de cet article :

Vous avez déjà un accès ?

Identifiez-vous