Paris : Un jardin au nom de Monique Wittig dans le 14ème arrondissement

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Pendant le Conseil de Paris mercredi 7 octobre, les élu.e.s ont voté la dénomination « jardin Monique Wittig » pour un espace vert situé 3, boulevard Brune dans le 14ème arrondissement.

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Couverture de l'Opoponax de Monique Wittig, pour lequel elle a gagné le prix Médicis en 1964 - Editions de Minuit

Un espace vert au 3, boulevard Brune dans le 14ème arrondissement de Paris s’appellera désormais « Jardin Monique Wittig ». Laurence Patrice, élue du 10ème arrondissement, Christophe Najdovski, adjoint pour la végétalisation de l’espace public et Hélène Bidard, adjointe pour l’égalité femmes-hommes, ont présenté un rapport voté au Conseil de Paris le 7 octobre.

La commission de dénomination des voies, places, espaces verts et équipements publics municipaux a préalablement donné un avis favorable au projet lorsqu’elle s’est réunie le 21 novembre 2019.

D’après la Direction des Espaces Verts et de l’Environnement, l’espace choisi est un « petit jardin triangulaire ombragé de beaux arbres et agrémenté d’une fontaine », d’une superficie de 996 m². En son centre sera construit un bassin végétal, autour duquel se trouveront des pavés enherbés et un des murs le bordant sera végétalisé.

 

« Il est important de rééquilibrer dans cette ville les noms des rues, très peu de femmes sont concernées », énonce Jean-Luc Romero. « Cette proposition est faite par une commission, de proposer une femme qui est connue évidemment dans notre pays, mais qui est une femme internationalement connue. À la fois pour son travail littéraire (…), c’est une grande militante du MLF et une des grandes instigatrices du « Manifeste des 343 salopes ». Elle avait fait un geste qui avait beaucoup marqué à l’époque avec d’autres femmes, puisqu’elle avait déposé à l’Arc de Triomphe une gerbe à la mémoire de « plus inconnue que le soldat inconnu, sa femme  », poursuit l’adjoint. « Pour toutes ces raisons, pour son travail littéraire, pour sa notoriété, pour ce qu’elle a pu apporter pour le rayonnement de la France, nous vous proposons donc la dénomination de ce jardin ».

Geneviève Lardy Woringer, élue écologiste du 14ème arrondissement, explique que « Monique Wittig a ouvert la voie à un féminisme politique, qui relie les luttes lesbiennes, matérialistes, queer, transféministes en France et dans une partie du monde ».

Monique Wittig, militante féministe et lesbienne française

Monique Wittig, née en 1935 et décédée en 2003, était une écrivaine, philosophe et militante féministe et lesbienne française. Appartenant au mouvement matérialiste, elle était une des pionnières du mouvement féministe en France.

Son premier roman, L’Opoponax, sorti en 1964, a reçu le prix Médicis, avec le soutien de l’écrivaine Marguerite Duras. Ses autres œuvres majeures sont Les Guérillères, publié en 1969 ou Le Corps lesbien, sorti en 1973. Son essai La Pensée straight, présente pour la première fois une analyse politique sur l’hétérosexualité comme régime politique. Il a été publié en 1993 aux États-Unis et huit ans plus tard en France.

À partir de 1968, elle milite auprès de nombreux groupes qui formeront le « Mouvement de Libération des Femmes » (MLF). En mai 1970, elle rédige dans le mensuel L’Idiot International ce qui deviendra le manifeste du MLF « Combat pour la libération de la femme ».

Monique Wittig a participé à la création du groupe des Féministes Révolutionnaires en 1970, rebaptisé les Gouines Rouges l’année d’après. Il s’agit du premier groupe lesbien constitué à Paris.

Monique Wittig quitte la France pour les États-Unis en 1976, accompagnée de sa compagne Sande Zeig. Elle a souhaité s’exiler, estimant qu’elle était invisibilisée des combats féministes français en raison de son homosexualité. Elle y a enseigné le français et les études féministes dans de nombreuses universités américaines prestigieuses, où elle est reconnue comme une pionnière des études du genre.