Lilly Wachowski confirme que « Matrix » est une allégorie de la transidentité

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Lilly Wachowski, l'une des deux réalisatrices de « Matrix », a révélé que le synopsis du film était une allégorie de la transidentité. Les deux sœurs n'ont pas pu le montrer ouvertement car « le monde n'était pas encore tout à fait prêt ».

Lilly wachowski matrix
La réalisatrice Lilly Wachowski dans la vidéo pour Netflix Film Club - Capture d'écran / YouTube

Lilly Wachowski, qui a réalisé la saga Matrix avec sa sœur Lana, a confirmé mardi 4 août que le film de science-fiction sorti en 1999 est une allégorie de la transidentité. Dans une vidéo qu’elle a tourné pour la chaîne YouTube Netflix Film Club à l’occasion du 21ème anniversaire de la sortie du film, la réalisatrice a affirmé qu’une telle interprétation était son intention depuis le début.

« Je suis contente de révéler que c’était l’intention initiale. Le monde n’était pas tout à fait prêt pour cela. L’industrie n’était pas prête pour cela », déclare Lilly Wachowski. « Je suis contente que les gens parlent de Matrix avec une interprétation trans ».

« J’adore à quel point ces films sont importants pour les personnes trans et la façon dont elles viennent me dire : “ Ces films m’ont sauvé la vie ” », ajoute-elle. « Parce que quand vous parlez de transformation, en particulier dans le monde de la science-fiction, qui est juste une question d’imagination et de construction du monde et l’idée de l’impossible devenant possible, c’est pourquoi cela leur parle tellement ».

« Et je suis reconnaissante de pouvoir contribuer à les aider tout au long de leur parcours ».

Lilly Wachowski explique également que le personnage de Switch, interprété par Belinda McClory, était initialement genderfluid mais l’idée a été rejetée.

« Tout autour de Matrix était au sujet du désir de transformation, mais tout venait du point de vue de quelqu’un dans le placard. Nous avions le personnage de Switch, qui serait un homme dans le monde réel, puis une femme dans la Matrice, et c’est ça que nous avions toutes les deux en tête ».

« Cela nous a libérées en tant que cinéastes parce que nous étions capables d’imaginer des choses à ce moment-là que vous ne voyiez pas nécessairement à l’écran »

« Je ne sais pas à quel point ma « transness » était présente à l’arrière de mon cerveau au moment où nous l’écrivions mais tout venait de ce même type de feu dont je parle », poursuit la réalisatrice. « Surtout pour moi et Lana, nous existions dans cet espace où les mots n’existaient pas, donc nous vivions toujours dans un monde d’imagination ». « Il s’agissait de créer des mondes. Et donc je pense que cela nous a libérées en tant que cinéastes parce que nous étions capables d’imaginer des choses à ce moment-là que vous ne voyiez pas nécessairement à l’écran ».

L’interview de Lilly Wachowski a mis fin à des années de spéculation.

Depuis des années et en particulier depuis le coming out trans des sœurs Wachowski, des fans de la saga ont analysé des détails du film pour l’interpréter sous le prisme de la transidentité. Notamment le personnage de Thomas Anderson/Neo, joué par Keanu Reeves, qui pourrait représenter l’expérience des personnes trans encore dans le placard, rapporte Vulture. Dans le film, les figures d’autorité utilisent toujours « monsieur Anderson » pour se référer à lui, alors que ses amis utilisent le nom qu’il s’est choisi, note le critique Film Runner.

La fameuse « pilule rouge » pourrait elle symboliser les pilules d’œstrogènes, qui étaient rouges dans les années 90. Les avertissements de Morpheus, interprété par Laurence Fishburne, décrivant la Matrice comme « une écharde dans votre esprit », pourraient être perçus comme une métaphore de la dysphorie de genre, explique Vulture. La Matrice représenterait donc la binarité de genre et les agents la transphobie.

 

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