Gérald Darmanin ministre de l'Intérieur : « une insulte à toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles »

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La nomination de Gérald Darmanin au ministère de l'Intérieur a suscité une forte controverse. Sur les réseaux sociaux, de nombreuses personnalités ont rappelé l'accusation de viol le concernant. Komitid souligne aussi ses nombreuses prises de position homophobes.

Gérald Darmanin
Gérald Darmanin au Sénat en 2019 - Jo Bouroch / Shutterstock

Gérald Darmanin, élu maire de Tourcoing dès le premier tour et rare ministre « politique » expérimenté aux côtés d’Emmanuel Macron malgré son jeune âge, ancien lieutenant de Nicolas Sarkozy devenu « cogneur » de Bercy, est depuis le lundi 6 juillet ministre de l’Intérieur du gouvernement de Jean Castex. Cette nomination a suscité une forte controverse, en raison de l’accusation de viol envers l’élu, ainsi que ses prises de position homophobes.

Diplômé de Sciences Po Lille, Gérald Darmanin a débuté sa carrière comme collaborateur de Christian Vanneste, exclu en 2012 de l’UMP après des propos homophobes. Passé au secrétariat d’État chargé des Français de l’étranger et à celui des Sports sous Nicolas Sarkozy (avec François Fillon comme Premier ministre), il s’est ensuite fait élire député du Nord en 2012, puis maire de Tourcoing en 2014.

De nombreuses prises de position homophobes

Gérald Darmanin n’a jamais caché son désaccord sur le mariage pour tou.te.s. Dans deux tweets postés le 2 juin 2013 (désormais supprimés), il allait jusqu’à dire : « Si je suis Maire de Tourcoing, je ne célébrerai pas personnellement de mariages entre 2 hommes et 2 femmes ».

tweet gérald darmanin

Tweets désormais supprimés de Gérald Darmanin – Capture d’écran / Twitter

D’autres anciens tweets contre le mariage pour tou.te.s ont refait surface depuis la nomination du nouveau ministre de l’Intérieur lundi 6 juillet.

En 2014, alors qu’il était porte-parole de la campagne de Nicolas Sarkozy pour la présidence de l’UMP, Gérald Darmanin affirme au micro de Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV que « la loi Taubira sera abrogée, réécrite profondément ».

Gérald Darmanin a d’ailleurs eu sur ce sujet un accrochage avec l’ancienne Garde des Sceaux.

Sur le plateau de LCI en mars 2015, il déclare : « Qu’est-ce qui fait monter le Front national ? Je réponds madame Taubira. Si vous pensez que madame Taubira n’est pas un tract ambulant pour le Front national, mis en avant par François Hollande, c’est que, je pense, vous n’avez pas compris le cynisme des socialistes ». En réponse, Christiane Taubira a qualifié ses propos de « déchets même de la pensée humaine  ».

En octobre 2016, Gérald Darmanin avait posté un message critiquant la théorie du genre.

Selon RFI, lors d’un débat à l’Assemblée nationale deux ans plus tôt, il avait déclaré : « La théorie du genre est une absurdité absolue. Il faut s’y opposer totalement.  »

Accusation de viol contre Gérald Darmanin

Début 2018, Gérald Darmanin a été mis en cause par deux femmes, l’une pour viol, l’autre pour abus de faiblesse, en plein mouvement #MeToo — des accusations qu’il réfute. Le parquet a rendu un non-lieu pour la deuxième accusation mais l’enquête se poursuit pour la première.

Selon l’AFP, la cour d’appel de Paris a ordonné la reprise des investigations concernant la plainte pour viol le 11 juin. Sophie Patterson-Spatz accuse le ministre de lui avoir fait miroiter son appui sur un dossier judiciaire en échange de faveurs sexuelles en 2009. D’après FranceInfo, malgré cette plainte, l’Élysée a assuré lundi que « les services compétents ont jugé qu’il n’y avait pas d’obstacle à cette nomination  ».

L’annonce de cette nomination de Gérard Darmanin a causé la colère et l’indignation. Invitée à Europe 1 mardi matin, Me Elodie Tuaillon-Hibon, l’avocate de Sophie Patterson-Spatz, a déclaré : « Cette nomination, c’est un choc, je ne vais pas le cacher ».

Sur Twitter, l’association Nous Toutes parle de «  foutage de gueule » et associe cette nomination à la culture du viol.

 

Hélène Bidard, adjointe à la Maire de Paris pour l’égalité femmes-hommes, qualifie ce remaniement d’« insulte à toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles, à toutes celles et ceux qui luttent pour l’égalité. Un gouvernement en marche arrière ».

La nomination d’Eric Dupond-Moretti au ministère de la Justice est également fortement critiquée.

Céline Piques, porte-parole de l’association Osez le féminisme !, déclare au Monde : « Nommer comme premier flic de France Gérald Darmanin, un homme accusé de viol, et comme garde des sceaux Eric Dupond-Moretti, un antiféministe notoire, c’est complètement impensableIl s’agit des deux représentants de la police et de la justice, deux institutions-clés dans le parcours des victimes de violences sexuelles. »

Un groupe de militantes féministes a manifesté mardi matin devant le ministère de l’Intérieur. Elles ont scandé « Darmanin violeur, État complice ».

Une pétition a été créée pour demander la démission de Gérald Darmanin et Eric Dupond-Moretti. Lancée il y a quelques heures, elle a déjà dépassé les 12 000 signatures.