Hongrie : Des activistes interpellent l'UE contre le projet de loi transphobe de Viktor Orbán

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L'UE a été invitée à prendre des mesures contre le leader d'extrême droite de la Hongrie, qui a profité de ses nouveaux pouvoirs de décision pour supprimer les droits des personnes trans.

Le premier ministre hongrois, Viktor Orbán - photocosmos1 / Shutterstock
Le premier ministre hongrois, Viktor Orbán - photocosmos1 / Shutterstock

Lundi 30 mars, le Parlement de la Hongrie a adopté une loi qui a immédiatement étendu les pouvoirs de Viktor Orbán, sous prétexte de mieux contrôler la crise du coronavirus. Le Premier ministre a désormais le droit de gouverner par décret pour une durée indéterminée. Cela implique qu’il n’a plus besoin de consulter d’autres législateurs avant de prendre des décisions.

La Hongrie veut supprimer les droits des personnes trans

Dans la soirée qui a suivi l’annonce, l’adjoint de Viktor Orbán, Zsolt Semjén, a présenté un projet de loi transphobe. D’après The Guardian, cette législation remplacerait la notion de « genre » par « genre à la naissance » à l’état civil et de fait, sur tous les papiers d’identité des hongrois.es. Cette mention sera également inaltérable.

« Cette attaque contre la communauté trans est scandaleuse et délibérée »

Des députés de l’Union européenne (UE) ont officiellement condamné cette décision. Marc Angel, le co-président de l’intergroupe LGBTI du Parlement européen, a déclaré dans un communiqué de presse que « cette attaque contre la communauté trans est scandaleuse et délibérée… Cette décision ne fait pas seulement taire intentionnellement la communauté trans — elle cherche à l’effacer et à nier son existence ».

Cependant, les discussions autour du projet de loi continuent dans les commissions parlementaires en Hongrie. Des groupes de militants internationaux LGBT+ appellent l’UE à prendre des mesures définitives.

« L’UE devrait agir »

« Viktor Orbán utilise la crise sanitaire du Covid-19 comme couverture pour faire adopter une législation discriminatoire qui sera dévastatrice pour la vie des personnes transgenres en Hongrie », a déclaré Graeme Reid, directeur des droits LGBT+ de Human Rights Watch à The Independent

« C’est une stratégie propre aux autocrates, de consolider le pouvoir en attaquant les plus marginalisés. L’UE devrait agir », ajoute-il.

L’association britannique Stonewall s’inquiète également de la situation dans le pays pour les personnes trans.

« Stonewall, ainsi que de nombreux autres défenseurs des droits humains, condamnent la décision de la Hongrie d’interdire la reconnaissance légale du genre », a déclaré Laura Russell, directrice des campagnes, des politiques et des recherches de l’association à The Independent. « La décision de revenir sur les droits des personnes trans en Hongrie pendant une pandémie mondiale devrait être un signal d’alarme, montrant que les droits humains sont menacés ».

« Nous invitons tous ceux qui se soucient de l’égalité LGBT + à se manifester et à montrer leur soutien aux personnes trans en Hongrie et ailleurs », ajoute-elle.

Le projet de loi menace les personnes trans

La commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatovic, a également critiqué ce projet de loi. Selon elle, s’il est adopté, il violera la jurisprudence européenne des droits de l’homme. Dans l’article de The Independent, elle appelle le Parlement hongrois à ne pas adopter la législation. « Les personnes transgenres ont le droit à la reconnaissance légale de leur genre sur la base de l’autodétermination. Il s’agit d’une étape essentielle pour garantir le respect de leurs droits fondamentaux dans tous les domaines de la vie. La reconnaissance juridique du genre est une question de dignité humaine ».

Les personnes trans hongroises s’insurgent face à cette proposition de loi. Emma Molnár, une influenceuse, a déclaré récemment à Komitid : « Si ce projet de loi se concrétisait, ce serait un énorme retour en arrière. J’aurais toutes les peines du monde pour trouver un job avec un corps de femme et des papiers d’homme ». Alex Fajt, un Youtubeur de 25, se désole de la situation. « L’État nous pointe du doigt et donne un blanc-seing aux personnes qui voudraient nous tuer ou nous agresser. Une pétition ou un texte superbement rédigé ne suffiront pas. Le monde ne viendra pas en aide aux trans maintenant, surtout dans un petit pays comme la Hongrie ».

 

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