3 questions au Comité de Libération et Autonomie Queer sur son soutien aux femmes de chambre en grève

Publié le

Le Comité de Libération et Autonomie Queer organise deux soirées de soutien à des femmes de ménage en grève depuis six mois pour réclamer de meileures conditions de travail. Komitid a voulu savoir pourquoi.

Claq
Claq ton accor

Le 17 janvier prochain, cela fera six mois que des femmes de chambre de l’Ibis Batignolles (propriété du groupe Accor) à Paris, sont en grève illimitée, pour réclamer de meilleures conditions de travail. Le Comité de Libération et Autonomie Queer (Claq) a décidé de soutenir ces femmes en organisant une soirée de soutien, le 17 janvier, au Garage Mu, avec la participation de l’association Diivineslgbtqi+.

Le collectif Friction Magazine participe également à l’évènement, auquel le Collectif Mu apporte de son côté un soutien logistique bénévole. Le lendemain, le Claq organise aussi une soirée de soutien au KLUB pour collecter les fonds.

Camille du Claq a répondu aux questions de Komitid sur ces actions queer de solidarité.

Komitid : Comment l’idée est-elle venue au Claq d’organiser ces deux soirées de soutien aux grévistes de l’hôtel Ibis Batignolles ?

Camille : L’idée est à la fois le résultat d’une démarche qui nous anime en tant que groupe depuis le début : celle de soutenir les luttes pour la justice sociale, écologiques et pour les droits des migrants et de tisser des liens avec d’autres collectifs ou groupes militants qui ne sont pas forcément trans-pédégouines ou queer comme ce fut le cas dans l’occupation de Place d’Italie, de la Flèche d’Or, avec les mobilisations des Gilets Jaunes. Mais dans le cas des grévistes de l’Ibis Batignolles que nous avions croisé à plusieurs reprises dans des espaces militants, c’est notamment suite à une invitation du Collectif Féministes Révolutionnaires lors d’un événement de soutien que nous avons décidé de proposer à notre tour deux initiatives un peu différentes. Certain.e.s d’entre nous sont ou ont été liées au monde de la nuit, aux orgas de soirées, ça nous semblait plutôt sympa, et ça nous changeait un peu, de proposer un format susceptible de ramener du monde avec une programmation musicale mixte et éclectique. Le but étant d’abord de remplir les caisses des grévistes qui sont en grève depuis plusieurs mois puis, plus symboliquement, de rendre visibles de nouvelles formes de complicité entre luttes queers et luttes des femmes racisées.

« L’événement du vendredi 17 janvier n’est pas que festif. Des prises de paroles, des performances et des projections auront lieu. »

L’événement du vendredi 17 janvier n’est pas que festif. Des prises de paroles, des performances et des projections auront lieu. Et puis on est en général plus concentré.e.s sur les actions et les manifs communes donc ça fait pas de mal de proposer autre chose pour une fois. On souhaite ensuite continuer à renforcer nos complicités avec les différents groupes avec lesquels nous envisageons des actions ou d’autres formes de mobilisations. On reste ouvert.e.s à ce qui émergera par la suite. On vit un grand moment de mobilisation collective donc il s’agit de prendre le temps de mesurer comment s’investir de la manière la plus efficace dans les luttes qui nous tiennent à cœur.

À l’heure du pink washing et de l’utilisation parfois marketing du féminisme, comment rester militant.e. ?

En fait, on se pose pas la question de rester militant.e ou pas. Nous tenons à notre autonomie politique et financière. Mais nous n’avons pas non plus une attitudes naïve sur ces questions. Nous savons bien que la plupart des occasions de rencontre et de sociabilité TPGB (trans-pédégouines, ndlr) et surtout LGBT passent par des événements et des espaces payants et commerciaux. L’enjeu est alors également d’arriver à repolitiser ces espaces qui historiquement ont souvent été des espaces de fête et politiques à la fois, ici en levant des fonds pour apporter une aide matérielle concrète aux grévistes. Des initiatives de politisation de la fête TPBG se multiplient ces dernières années. On pense par exemple aux festivals « Acabaret » et « Avides tempêtes » qui se sont déroulés à Paris l’année dernière sur la base du prix libre qui est aussi le principe d’une de nos soirées, celle du 17 janvier au Garage Mu. Dans le cadre de ces actions qui ont toujours une visée politique ou des soirées de soutien, on est tou.te.s bénévoles et tout est reversé aux femmes grévistes.

Comment la CGT, qui soutient les femmes grévistes, a-t-elle accueillie cette idée ?

Nous avons un rapport un peu distant avec la CGT de manière générale, car nous avons développé une critique du monde du travail un peu différente de certaines des positions majoritaires productiviste et centrées sur la « valeur travail » et nous ne marchons pas vraiment avec les centrales pendant les manifs. Mais on n’est pas fermé à la discussion pour lutter contre certains comportements homophobes en manifs qui ont récemment fait les beaux jours du gouvernement pour décrédibiliser la mobilisation collective. Sur certains aspects relevant de l’exploitation des travailleurs et travailleuses, on est évidemment d’accord car directement concerné.e.s. Avec la CGT-HPE, qui mène cette grève depuis le début, nous sommes en parfait accord et nous organisons les soirées en stricte collaboration, notamment avec Tiziri Kandi qui fait un travail formidable.

Le Collectif de Libération et Autonomie Queer

 

  • arnosa

    MDR