Algérie : un ministre traite les opposants au scrutin présidentiel « d'homosexuels »

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Salah Eddine Dahmoune, le ministre de l’Intérieur d’Algérie, s'en est pris violemment mardi 3 décembre aux opposants à la présidentielle contestée du 12 décembre, qu'il a traités de « traîtres, mercenaires, homosexuels » inféodés aux « colonialistes ».

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Le mouvement « Hirak » a permis de destituer le président Bouteflika en avril 2019 - Amine Rock Hoovr / Unsplash

Le ministre s’adressait au Conseil de la Nation d’Algérie, la chambre haute du Parlement, mardi 3 décembre. Ses propos ont été diffusés par des chaînes de télévision privées, puis largement relayés sur les réseaux sociaux où ils suscitent des réactions très majoritairement scandalisées.

« Des traîtres, des mercenaires, des homosexuels »

« Aujourd’hui, il subsiste une pensée colonialiste qui utilise une partie des Algériens ou plutôt pseudo-Algériens, des traîtres, des mercenaires, des homosexuels. Nous les connaissons. Ces derniers se sont rangés derrière ces gens-là. Ils ne sont pas avec nous et nous ne sommes pas avec eux », a déclaré le ministre, sans nommer explicitement ceux qu’il vise.

« Un grave dérapage du ministre »

Plusieurs sites d’informations en ligne, traditionnellement favorables au « Hirak », dénoncent un « grave dérapage du ministre », des « propos surréalistes » ou « indignes ».

La présidentielle du 12 décembre doit élire un successeur à Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission en avril par un mouvement (« Hirak ») populaire de contestation inédit du régime, qui revendique désormais le démantèlement total du « système » au pouvoir depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962.

Une « mauvaise interprétation »

Salah Eddine Dahmoune a publié mardi soir sur son compte Facebook un communiqué, afin d’expliquer ses propos.

« Vu la façon dont mes propos ont été interprétés par certains médias et sur les réseaux sociaux, et les tentatives de les faire sortir de leurs contextes, je tiens à préciser à travers cette publication que je n’avais jamais adressé mes propos au mouvement que le pays connaît depuis des mois. Mais plutôt à une minorité de traitres, de mercenaires et de pseudos-Algériens qui méritent amplement ces qualifications et qui ont internationalisé les affaires internes du pays auprès du Parlement européen et des ONG, en leur donnant l’occasion de s’interférer dans nos affaires internes. »

 

Avec l’AFP