Océan lance le Festival des Merveilles, consacré aux artistes trans et intersexes

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Pour comprendre les enjeux et mesurer l’importance d’un tel événement qui mêle arts et politique, Komitid en a parlé avec son créateur, le comédien et réalisateur Océan.

Le comédien et réalisateur Océan lance le Festival des Merveilles

Huit tables rondes, 40 films, des DJ sets, une exposition et une soirée « live », c’est le programme enthousiasmant de cette première édition du Festival des Merveilles consacré aux artistes trans et intersexes et qui se tient du 17 octobre au 2 novembre à L’Entrepôt, dans le 14ème arrondissement de Paris.

Pour comprendre les enjeux et mesurer l’importance d’un tel événement qui mêle arts et politique, Komitid en a parlé avec son créateur, le comédien et réalisateur Océan.

Komitid : Quel a été l’élément moteur de la création de ce festival ?

Océan : C’est parti d’une réflexion avec l’Entrepôt sur la sortie en salles de mon film documentaire Océan, ils m’ont proposé une carte blanche pour inviter d’autres films. Je leur ai dit « Pourquoi pas un festival ? » en sachant que, souvent, dans les festivals LGBT, la part des films trans est plus mince et pas forcément prioritaire. C’était chouette d’imaginer un festival dédié aux questions trans et intersexes dans un lieu « mainstream » parce qu’il y en a eu dans un milieu communautaire, mais pas dans un endroit comme celui-là.

Mon élan a été de se dire qu’il y avait une multiplicité de parcours trans. Quand je présente mon film, j’ai parfois le sentiment que les gens qui sont hors-communauté et connaissent peu le sujet se disent : « Ah c’est ça être trans ! ». Alors que non, moi j’ai un parcours très particulier, très privilégié, et il me semble important de montrer qu’il y a plein de parcours différents. Les thématiques trans et intersexes sont des sujets brûlants d’actualité et cela me semblait culturellement intéressant de mettre en avant des films de qualité, venus du monde entier, puisque plus de 15 nationalités sont représentées dans la programmation des courts et longs métrages.

« C’est hyper excitant de réunir des artistes trans et intersexes parce que, la plupart du temps, on parle de nous, on nous objectise sans nous laisser être les propres auteurs ou narrateurs de nos histoires. »

Avec dans l’idée de concevoir un événement multidisciplinaire et ouvert à tous les publics …

Exactement ! Il fallait que cela s’adresse à la fois à la communauté qui cherche à voir des films qu’ils et elles n’ont pas encore vus, à être dans un processus de recherche et à bénéficier d’un endroit safe mais aussi que l’événement soit ouvert à un public plus large, curieux, et qui a envie de voir de bons films.

Quand j’ai vu les beaux espaces du lieu, j’ai proposé d’organiser aussi une exposition avec des artistes trans pour montrer ce travail très varié, des photos, des dessins qui travaillent la thématique des corps trans ou pas du tout. Et de là, l’équipe de L’Entrepôt nous a proposé de faire une soirée mélangeant des performances et du théâtre, ce que nous ferons lors d’une soirée spéciale le 24 octobre, avec aussi de la musique. C’est hyper excitant de réunir des artistes trans et intersexes parce que, la plupart du temps, on parle de nous, on nous objectise sans nous laisser être les propres auteurs ou narrateurs de nos histoires. Là, on a l’occasion de le faire. Pour les tables-rondes, seules des personnes trans ou intersexes prendront la parole et animeront les débats !

Pourquoi ce nom de Festival des Merveilles ?

Je l’ai appelé le Festival des Merveilles, avec ce visuel de fleurs foisonnantes, parce que l’idée c’est de montrer la richesse et la diversité de toutes nos actions. Dire que nous sommes des merveilles, c’est une façon de s’approprier la fierté sur le modèle de la fierté LGBT. On m’a dit, après coup, qu’une personne intersexe avait écrit un texte qui disait exactement cela : Nous sommes des merveilles. Je ne le savais pas et j’en suis heureux, c’est une réappropriation de nos corps. On est beaux, on est belles, on a des choses à dire et des émotions à donner via l’art !

 

Festival des Merveilles

Page d’accueil du site du Festival des Merveilles – Billy Sérib

C’est difficile puisque le programme est riche mais est-ce qu’il y a trois événements du festival sur lesquels vous avez vraiment envie d’attirer l’attention ?

Comme vous l’imaginez bien, il y en a plus que trois ! Le vernissage de l’exposition qui aura lieu le jour de l’ouverture, la soirée du 24 octobre avec six groupes très différents qui vont se succéder en live.

J’ai eu un coup de cœur absolu pour le film Call her Ganda qui est un documentaire très dur sur l’enquête qui suit le meurtre d’une travailleuse du sexe trans aux Philippines et pour le film de clôture en première mondiale, Les Rêves siamois. Ce film suit une activiste thaïlandaise qui s’appelle Mimi qui a monté une sorte de révolution en Thaïlande et qui travaille aujourd’hui en France notamment avec le Strass. Ce sont des films politiques comme j’aime qui, au-delà de raconter des parcours personnels, parlent de la précarité, des rapports de force, de l’histoire du monde. S’intéresser aux histoires trans, c’est aussi s’intéresser à l’histoire de nos pays et à ce que produit le capitalisme ! Ce sont des sujets vastes, pas marginaux et cela revient à évoquer toute la structure de notre société. Ce sont des enjeux collectifs.

Festival des Merveilles – Le Lieu / L’Entrepôt – Du 17 octobre au 2 novembre – Tout le programme sur le site : festivaldesmerveilles.com