« Ma foi m’a aidé à accepter mon identité queer » : à Paris, des femmes musulmanes et LGBT+ construisent leurs propres représentations

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Deuxième épisode de notre série consacrée aux personnes LGBT+ et musulmanes. À l'occasion des trois ans de l'association féministe Lallab, Komitid a rencontré des femmes qui ont trouvé dans l'islam des clefs pour appréhender leur identité queer.

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Une femme admire les œuvres exposées au Lallab Birthday le 27 avril à Paris - Otto Zinsou
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« Mon devoir, c’est de pouvoir accompagner toutes les femmes et n’en laisser aucune sur le bord de la route » défend Nadia El Bouga, sexologue et sage-femme. Celle qui a écrit un essai de sexualité féministe pour les femmes musulmanes est un peu une icône, ce samedi 27 avril, à La Bellevilloise. Lallab, l’association féministe de femmes musulmanes, a choisi de fêter son troisième anniversaire, entre musiques, prises de parole, et vente d'artisanat.

Après la pause pâtisseries et café, elles ont réservé le micro à Nadia El Bouga, pour un discours façon Ted Talk féministe. Dans la salle bondée, tout le monde se tait pour l’écouter (religieusement). « Je ne veux laisser personne en dehors de la possibilité du champ d’épanouissement sexuel, affectif, sensuel et érotique », annonce-t-elle. « En tant que musulmane, ça fait partie de mes combats. Je ne lâcherai pas, et nous ne lâcherons pas » poursuit-elle avec résolution. Les mots font mouche. Au moment où elle achève son discours, la salle se lève et applaudit longuement. On s’approche d’elle, alors que les vieilles dames du chœur berbère de Saint-Denis prennent la relève au tambourin.

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Nadia El Bouga lors de son discours au Lallab Birthday à Paris le 27 avril 2019 - Otto Zinsou / Komitid

Vers un rapprochement des luttes queers et musulmanes ?

Ils sont encore rares, les espaces pour parler d’orientation sexuelle, d’identité de genre et d’islam. Mais l’association Lallab a impulsé sans doute un premier élan, en tissant un réseau de femmes féministes et musulmanes. Depuis, on voit apparaître régulièrement des initiatives satellites, comme Qitoko, un collectif queer de personnes racisées. Le 24 novembre dernier, les femmes bies, lesbiennes, trans et musulmanes étaient en tête de la marche parisienne féministe pour une première historique. Lallab, FièrEs et d’autres structures décoloniales avaient même signé ensemble un appel collectif pour une prise de conscience intersectionnelle. Peu à peu, des sillons se dessinent entre les luttes LGBT+, féministes et musulmanes. Il y a près d’un mois, en avril, étudiant.e.s de l’EHESS et collectifs organisaient Queer Habibi, un évènement pour « imaginer et construire un futur commun LGBTIQA+ dans le monde arabe et leurs diasporas », où l’on pouvait entendre des témoignages de femmes queers et musulmanes.

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