Vivre son homosexualité en Guadeloupe : « les mentalités commencent à s’ouvrir »

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Komitid s'est rendu en Guadeloupe, territoire d'Outre-mer dans les Caraïbes françaises, à plus de 6 000 kilomètres de l'Hexagone. Une île où l'homosexualité reste taboue, en témoignent deux personnes concernées que nous avons rencontrées sur place. Reportage.

Frédéric, 39 ans, et Myréla, 20 ans, échangent sur le vécu de l'homosexualité en Guadeloupe - Philippe Peyre / Komitid
Frédéric, 39 ans, et Myréla, 20 ans, échangent sur le vécu de l'homosexualité en Guadeloupe - Philippe Peyre / Komitid
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« Dans l'espace public, on ne se tient pas la main, on ne s'embrasse pas. » Pour Frédéric, 39 ans, installé en Guadeloupe depuis plus de six ans, le constat est sans appel : se rendre visible en tant que gay sur l'île, c'est « prendre un risque pour sa vie ». On retrouve le quasi quadra, à la fois serveur et agent immobilier à son compte, dans la zone commerciale de Destreland, plus grand centre commercial de la Guadeloupe situé sur la commune de Baie-Mahault, au centre de l'île, où il habite. On prend la route vers le sud de la Basse-Terre (ouest de l'île), direction la commune de Trois Rivières. Frédéric tient avant tout à nous faire découvrir quelques coins de cet île paradisiaque. Prochain arrêt : le Bain des Amours.

La discussion se concentre sur le vécu de Frédéric en tant que gay sur l'île. Un grand brun, très (très) bronzé, barbe de trois jours, né à Béziers et élevé « dans le fin fond de la campagne » occitane. Il nous explique restreindre les instants de visibilité aux soirées gays et lesbiennes privées et quelques rares lieux identifiés comme la plage naturiste de Tarare, à Saint-François, au sud-est de la Grande-Terre. « On peut s'y tenir la main, s'embrasser, là il n'y a aucun problème. Ça se sait qu'il y a une communauté gay présente depuis très longtemps, même s'il y a des hétéros. Ils sont au courant et ça se passe très bien. »

Frédéric en est conscient, ce sentiment de ne pouvoir vivre son homosexualité en public pourrait certainement être vécu de la même façon en métropole par certain.e.s. « Pour moi, dans le sud de la France, ça serait identique, mais je sais qu'à Paris, dans le Marais notamment, c'est plus facile… » Et c'est ainsi qu'il nous fait part d'un constat finalement assez paradoxal, décrivant une Guadeloupe où l'homosexualité est encore très taboue mais où les rencontres sont très simples. « À la fois le contexte est tendu, mais il y a certaines facilités. Je n'ai jamais vu autant de gays de ma vie, proportionnellement à la population (un peu plus de 380 000 habitant.e.s, ndlr). On sait qu'il y a des gays un peu partout, dans toutes les communes, mais la vie de couple n'est pas commune. Ce qui est commun, c'est de faire des plans culs, ça c'est quand tu veux, mais pour trouver un copain, c'est beaucoup plus difficile. »

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