Ecrans Mixtes : découvrez le programme de l'iconoclaste festival de cinéma LGBT+ de Lyon

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Le festival de cinéma LGBT+ français le plus pointu et le plus iconoclaste revient. Revue de détail d'une programmation excitante.

Affiche de la 9e édition du festival Écrans Mixtes
Affiche de la 9e édition du festival Écrans Mixtes

En quelques années, Ecrans Mixtes s’est imposé comme le festival LGBT+ français le plus pointu et le plus iconoclaste. Profitant de son implantation dans la ville de naissance du cinéma et d’une diversité de lieux (L’Institut Lumière, les cinémas le Comedia et le Lumière Bellecour, ou encore l’incontournable Lavoir Public et de nombreux espaces de vie municipaux et associatifs de l’agglomération lyonnaise), le festival conçoit une programmation de films queer qui fait la part belle au patrimoine, aux réalisateurs cultes, et à l’affirmation de mouvements de cinéma novateurs. Le tout sans oublier de nombreuses avant-premières de films très attendus. Du 6 au 14 mars, le cœur du cinéma queer battra à Lyon, et Komitid, fier partenaire du festival Ecrans Mixtes, vous donne les clés pour ne pas passer à côté d’une programmation très riche. Découvrez le programme du festival en quatre axes !

Un « master » si classe

L’invité d’honneur du festival est un maître du 7ème art comme on n’en fait plus. Il est tellement classe que tout le monde le croit anglais, c’est dire. Le réalisateur américain James Ivory donnera le ton de cette édition d’Ecrans Mixtes dès ce soir avec la projection, en sa présence, d’un de ses chefs d’œuvre, Maurice, dans une version restaurée 4K. Et ce n’est pas ce film adapté du roman autobiographique d’E.M. Forster, devenu un classique intemporel et incontournable, qui contredira l’idée qu’Ivory et son partenaire-producteur Ismaël Merchant (de nationalité indienne) ont été le duo aux commandes des films les plus passionnés et passionnants sur la société britannique. Dans Maurice, sorti en 1987, tout est là : l’Angleterre édouardienne homophobe, l’aristocratie et la bourgeoisie, Cambridge, et même Hugh Grant ! Suivront pendant les 10 jours du festival : Les Bostoniennes (1984), Chambre avec vue (1985), Retour à Howards Ends (1992), Les Vestiges du Jour (1993), La Fille d’un soldat ne pleure jamais (1998), La Coupe d’or (2000) ou encore Call me by your name de Luca Guadagnino qui valut au « maître » son premier Oscar, en 2018, pour le scénario adapté du livre d’André Aciman. James Ivory se prêtera même au jeu de la « masterclass », dès demain jeudi 7 mars aux côtés du journaliste Gérard Lefort qui fit les belles heures des pages ciné de Libération. Un rêve de cinéphile queer !

Corps et politique

En mêlant les époques, Ecrans Mixtes fait aussi le point sur les mouvements politiques qui animent le monde du cinéma. Cette année, un focus est consacré au « Novo Queer Cinéma », pendant brésilien, 30 ans plus tard, du « New Queer Cinéma » anglo-saxon qui fit découvrir Van Sant, Haynes, Jarman et d’autres sur fond d’exclusion sociale, de politiques anti-minorités et d’épidémie du sida. Là, c’est la société queer et multi-ethnique brésilienne qui s’affirme, par le corps, par l’image, par un discours de révolte sourd contre la discrimination aux facettes multiples (LGBTphobies, précarité, racisme) qui la touche. Ce programme est construit autour du sidérant Hard Paint de Filipe Matzembacher et Marcio Reolon (Teddy Award de la meilleure fiction en 2017 à Berlin et qui sort en salles en mai prochain), de leur série The Nest (2016), du film culte de 2002, Madame Sata de Karim Aïnouz, ou des documentaires comme Bixa Travesty (Teddy du documentaire 2018, en juin sur les écrans français) sur la rappeuse Linn da Quebrada qui fait partie des quatre personnes transgenres suivies par le film d’Alice Riff, My Body is political, réalisé l’année précédente.

Le corps, les désirs et leurs implications politiques sont aussi au centre de Boys Erased, sur les thérapies de conversion, et de Coming Out, tous les deux programmés en avant-première, comme du tout nouveau film de Rémi Lange consacré aux migrants homosexuels et au titre évocateur Prouve que tu es gay et du court documentaire de Chriss Lag et de Xavier Héraud sur la scène voguing parisienne Hold that pose for me.

 

Besoin d’amour !

Il y en a pour tous les goûts dans la programmation d’Ecrans Mixtes et le public aura sa dose d’histoires d’amour impossible, romantiques, contrariées ou plus radicales avec les fictions (inédites à Lyon ou en avant-première) Mario, Eva+Candela, Mon Meilleur ami, Mon Idylle, Vita et Virginia, ou le film déchirant de 1990, Un Compagnon de longue date, et le doc Game Girls.

 

La fantaisie sous toutes ses formes : glam, punk et paillettes

Enfin, à l’image de l’incroyable trailer réalisé par Marie Losier pour le festival, la fantaisie aura, comme chaque année sa place à Ecrans Mixtes. Avec Marie Losier donc, invitée d’honneur elle aussi, on pourra revoir les deux très beaux long métrages documentaires The Ballad of Genesis et Lady Jaye (2011) et le récent Cassandro the exotico ainsi qu’une petite pochette surprise iconoclaste d’une dizaine de courts métrages (pour l’essentiel tournée en 16 mm) suivie d’une rencontre avec le public le dimanche 10 mars. Fantaisie toujours avec le film de clôture, Les Crevettes Pailletées, qui raconte l’odyssée d’une équipe de water-polo queer qui part aux Gay Games en Croatie et qui est (très) attendu en salles le 8 mai prochain.

 

 

Écrans Mixtes, du 6 au 14 mars, à Lyon et dans la métropole. Renseignements sur le site du festival.