Le biopic sur le photographe Robert Mapplethorpe sortira au cinéma en 2019

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Ami de Patti Smith, photographe bisexuel sulfureux, Robert Mapplethorpe a marqué la scène artistique new-yorkaise dans les années 70 et 80. Il est mort du sida en 1989.

Matt Smith est Robert Mapplethorpe dans le biopic consacré au photographe new yorkais - Capture d'écran YouTube / IT'S TRAILER TIME!
Matt Smith est Robert Mapplethorpe dans le biopic consacré au photographe new yorkais - Capture d'écran YouTube / IT'S TRAILER TIME!

L’année 2019 verra sur grand écran, 30 ans après sa mort, le premier biopic consacré au photographe bisexuel Robert Mapplethorpe, qui a marqué l’univers de la photographie dans les années 70 et 80. Pour interpréter Mapplethorpe, la réalisatrice Ondi Timoner a choisi l’acteur britannique Matt Smith, qu’on a vu dans Doctor Who et plus récemment dans la série de Netflix The Crown, dans laquelle il interprète le mari de la reine Elizabeth II.

Né en 1946 dans une banlieue paisible du New Jersey, il fonde sa réputation d’artiste d’avant-garde pour ses photos en noir et blanc d’hommes nus et pour avoir photographié la scène cuir new-yorkaise dans les années 60 et 70. Dans les années 80, Mapplethorpe devient le portraitiste de tout ce que New York compte d’artistes et de célébrités, de Truman Capote à Arnold Schwarzenegger en passant par la princesse Gloria von Thurn und Taxis et Deborah Harry.

Intenses polémiques

L’œuvre de Mapplethorpe a suscité d’intenses polémiques aux États-Unis à la fin des années 80. Le sénateur ultra conservateur Jesse Helms, qui s’était opposé aux droits civiques dans les années 60 et aux droits des homos plus tard, part en guerre contre les subventions d’État aux expositions présentant les photos parfois provocatrices de l’artiste new-yorkais. L’une d’elles, un autoportrait de l’artiste, avait particulièrement attiré l’attention. On y voit Mapplethorpe en tenue SM, avec un fouet planté dans son cul. Il n’en fallait pas plus pour déclencher le scandale. Le National Endowment for the Arts, l’équivalent du ministère de la Culture, en fit les frais dans ce qui fut appelé la guerre culturelle.

En 2014, le Grand Palais choisit de limiter l’accès à la salle présentant les photos SM de Mapplethorpe aux plus de 18 ans, faisant du coup apparaître Mapplethorpe comme un photographe classique, trop classique pour certains critiques.

Sa vie et sa sexualité — Mapplethorpe était bisexuel — est décrite avec infiniment de tendresse dans le livre de Patti Smith, Just Kids, qui porte sur la période durant laquelle la chanteuse et le photographe sont inséparables, à la fin des années 60. Smith et Mapplethorpe vivent alors au Chelsea Hotel, une cour des miracles de la marginalité et de la création, fréquentent Andy Warhol et croisent Janis Joplin, Lou Reed, Allen Ginsberg.

« Il a repoussé les limites, la forme et l’enveloppe de ce qu’il faisait »

C’est en 1986 que Mapplethorpe apprend qu’il est atteint du sida. En 1988, le Whitney Museum of Art lui consacre une rétrospective majeure. Cette même année, il crée la Robert Mapplethorpe Foundation, destinée à protéger son œuvre et qui continue de soutenir financièrement la recherche sur le VIH/sida. Robert Mapplethorpe meurt le 9 mars 1989 à l’âge de 42 ans.

Dans une interview à Entertainment Weekly, Matt Smith déclare : « Comme n’importe quel artiste, il était vilipendé à l’époque. Mais c’est parce qu’il a repoussé les limites, la forme et l’enveloppe de ce qu’il faisait […], et c’est souvent le but de l’art de faire cela. »