L'Union européenne hausse le ton contre la traque des gays en Tanzanie

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Les menaces proférées par un gouverneur régional contre les gays continuent de peser sur les relations de la Tanzanie avec la communauté internationale.

Vue aérienne de Dar-es-salam, en Tanzanie - Explorer / Shutterstock
Vue aérienne de Dar-es-salam, en Tanzanie - Explorer / Shutterstock

Des paroles aux actes en Tanzanie. Après les menaces proférées contre les gays par le gouverneur de la région de Dar-es-Salam – qui appelait le public à dénoncer les homosexuels – dix hommes ont été arrêtés sur l’île tanzanienne de Zanzibar, selon la BBC. Les arrestations ont eu lieu samedi dernier au motif que les dix hommes auraient participé à une cérémonie de mariage de personnes de même sexe.

Face aux déclarations homophobes de Paul Makonda, l’Union européenne a durci le ton. L’institution a rappelé son ambassadeur dans le pays. Bruxelles veut dénoncer fermement « la détérioration de la situation des droits de l’homme et de l‘état de droit dans le pays », selon un communiqué.

Dimanche dernier, et alors que Paul Makonda avait annoncé que la traque des homosexuels commencerait le lundi 5 novembre, le gouvernement tanzanien avait voulu se désolidariser du gouverneur de la région la plus riche du pays, rappelant son attachement au respect de la constitution et des droits humains. Mais comme le souligne afrikanews, depuis son élection en 2015, le président John Magufuli s’érige en défenseur des « valeurs morales ». Et la répression contre l’homosexualité – punie d’une peine minimale de 30 ans pouvant aller jusqu‘à la perpétuité, et héritée des lois coloniales britanniques – figure aussi au rang de ses priorités.

« Cette répression ne devrait pas être perçue comme un élément isolé »

Les associations de défense des droits humains continuent de dénoncer les sévices subis par les homosexuels, forcés à des tests anaux en cas d’arrestation.

Selon Amnesty International, c’est une « répression tous azimuts » qui s’est abattue sur les citoyen.nes tanzanien.nes. Interviewé par RFI, le directeur adjoint d’Amnesty pour l’Afrique de l’Est explique : « Cette répression contre les homosexuels ne devrait pas être perçue comme un élément isolé. C’est quelque chose que l’on voit depuis que ce régime est arrivé au pouvoir. »

Lorsque l’on cherche à en savoir un peu plus sur le gouverneur Paul Makonda, une chose est claire : son obsession homophobe ne date pas d’hier. En 2016, comme le rapportait The Guardian, il proférait déjà des menaces contre les homosexuels, dans des discours publics. Il avait même expliqué qu’il souhaitait utiliser les réseaux sociaux comme Instagram et Facebook pour identifier et arrêter les personnes suspectées d’être gay.