« L'ombre d'Emily », « The Little Stranger » et « La prophétie de l'horloge » : notre critique ciné de la semaine

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Notre choix porte sur un thriller crypto lesbien, un drame fantastico-psychologique, et un divertissement vraiment fantastique.

Anna Kendrick Blake Lively dans « L'ombre d'Emily » Paul Feig
Anna Kendrick et Blake Lively dans « L'ombre d'Emily » de Paul Feig - Peter Iovino.

L’Ombre d’Emily

Réalisation : Paul Feig
Thriller/Policier – Etats-Unis – 2018
Distribution : Anna Kendrick (Stephanie), Blake Lively (Emily), Henry Golding (Sean), Andrew Rannells (Darren), Rupert Friend (Dennis Nylon), Jean Smart (Margaret McLanden)

Stephanie rencontre Emily, la mère du copain d’école de son fils et se prend d’amitié pour cette femme qui est tout ce qu’elle n’est pas. Quand Emily disparait après lui avoir demandé de prendre son fils à l’école, Stephanie enquête…

Note : 4/5

Mais quelle mouche a piqué Paul Feig ? Après des comédies féminines et féministes (Mes Meilleures amies, SOS Fantômes, Les flingueuses), il nous pond aujourd’hui un thriller ! Mais après visionnage, Pfouuuu, on est rassuré. Il n’a pas oublié son sens du comique, mais cette fois, il est plus subtil, moins « dans ta face » ! Anna Kendrick et Blake Lively, la brune et la blonde, sont vraiment complémentaires, puisque totalement à l’opposé. Leurs personnages sont truculents, chacun dans son genre : (fausse) naïve pour l’une, provocatrice pour l’autre. Le roman noir crypto-lesbien vire au pastiche de série, noirceur et légèreté se télescope avec bonheur. Les nombreux rebondissements dignes d’une novela mexicaine accapareront notre Sherlockette de banlieue proprette, et vous donneront le sourire. La musique, une fois n’est pas coutume pour un film américain, est presque entièrement francophone sixties. So chic !

The Little Stranger

Réalisation : Lenny Abrahamson
Drame/Fantastique – Royaume-Uni – 2018
Distribution : Domhnall Gleeson (Faraday), Ruth Wilson (Caroline Ayres), Will Poulter (Roderick Ayres), Charlotte Rampling (madame Ayres), Liv Hill (Betty)

En 1947, le docteur Faraday est appelé pour une consultation à Hundreds Hall, une superbe propriété aujourd’hui délabrée où sa mère fut employée. il devient ami avec Caroline Ayres, et soigne son frère Roderick, ancien pilote estropié.

Note : 3/5

Le réalisateur de l’excellent Room (2015) adapte le roman à succès de Sarah Waters. L’élégance de la mise en scène est toute britannique et même, disons-le, académique. L’ancestrale demeure de cette famille d’aristocrates désargentés est-elle hantée par un fantôme ? Ou est-ce dû à la folie de ses membres ? Bonne question. L’ambiance mystérieuse est prenante, mais à trop hésiter entre fantastique et drame psychologique, l’intrigue se délite un peu et perd l’intérêt du spectateur. Le côté surnaturel s’avère finalement peu convaincant et pas suffisamment développé. En revanche, l’interprétation au cordeau de l’ensemble du casting donne force à cette lutte des classes sourde.

La prophétie de l’horloge

Réalisation : Eli Roth
Fantastique/Famille – Etats-Unis – 2018
Distribution : Jack Black (Jonathan Barnavelt), Cate Blanchett (Florence Zimmermann), Owen Vaccaro (Lewis Barnavelt), Sunny Suljic (Tarby Corrigan), Lorenza Izzo (la mère de Lewis), Kyle MacLachlan (Isaac Izard), Renée Elise Goldsberry (Selena Izard)

Lewis a 10 ans. Après le décès de sa mère, il vient vivre chez son oncle Jonathan qu’il ne connait pas. Celui-ci habite avec madame Zimmerman dans une demeure quelque peu étrange…

Note : 3/5

Changement radical pour Eli Roth qui nous avait jusqu’ici habitué à un registre gore et musclé (Cabin Fever, Hostel, et récemment Death Wish avec Bruce Willis). Place au divertissement familial ! Pour ce faire, il s’est entouré de comédien.n.e.s populaires et à l’aise dans le genre fantastique destiné à un jeune public. À savoir Jack Black (Chair de poule, Jumanji) et Cate Blanchett, ici en mode « merci-non-pas-d’Oscar-pour-moi-cette-année ». Cette prophétie ne sort pas franchement du lot, tant tout semble familier. On se croirait dans un gentil blockbuster des années 80, avec de meilleurs effets spéciaux, bien sûr. Livre de sortilèges, méchant sorcier et citrouilles volantes… que du réchauffé sans surprises, en somme. Mais réalisé avec application et savoir faire.

Également à l’affiche cette semaine :

Le vent tourne (réalisé par Bettina Oberli) : Pauline et Alex sont des paysans écologistes radicaux qui vivent dans la montagne suisse. L’ingénieur Samuel vient installer une éolienne. Il tombe sous le charme de la jeune femme… Magnifique drame rural et sentimental illuminé par la grâce de Mélanie Thierry, épaulée par ses talentueux partenaires Pierre Deladonchamps et Nuno Lopes.

I Feel Good (réalisé par Benoît Delépine et Gustave Kervern) : Jacques déboule à la communauté Emmaüs où travaille sa soeur Monique. Il a des tas de projets pour devenir riche, quitte à profiter de la naïveté de son entourage. Jean Dujardin se vautre une fois de plus dans une comédie plate et pas drôle, et même offensante envers les gens pauvres. Fuyez, mes amis !