Hétérosexualité fragile : une statue de Saint Antoine de Padoue jugée « trop efféminée » en Colombie

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En Colombie, les choix artistiques quant à la restauration d'une statue de Saint Antoine déchaînent les passions des adorateurs et adoratrices du Christ.

En Colombie, la restauration d'une statue de Saint Antoine de Padoue jugée trop féminine estomaque les croyant.e.s
Hétérosexualité fragile : une statue de Saint Antoine de Padoue jugée « trop efféminée » en Colombie - El Heraldo / YouTube

Jésus Marie Joseph. Cachez ce sourcil bien épilé que je ne saurais voir ! Dans la ville de Soledad, au nord de la Colombie, la statue rénovée de Saint Antoine de Padoue a suscité une vague de signes de croix paniqués. La raison de cette liturgie affolée ? Le fait que le saint patron du Portugal, des marins, des femmes enceintes et des personnes âgées ait à présent un peu trop de couleurs sur le visage.

Les fidèles de l’église où il trône, la plus grande de la ville de près d’un demi-million d’habitant.e.s, estiment en effet que ce relooking lui donne plutôt l’air d’être maquillé comme une voiture volée. Ses sourcils fins, ses paupières foncées et ses lèvres écarlates lui donneraient « une tête de gay » (sic). Et pas d’ça dans la maison du seigneur, voyons…

Les pratiquants et pratiquantes catholiques de la ville se plaignent également que le petit Jésus en culotte de velours rose brodée de doré, que Saint Antoine tient tendrement dans ses bras, semble lui aussi avoir subi le dégradant traitement de paraître désormais plus féminin.

On a pourtant vu des ratés bien plus inquiétants dans l’histoire des arts religieux, ces dernières années…

Drama doctrine

Le plus tristement comique dans cette histoire d’hétérosexualité blessée pour pas grand chose – si ce n’est une question de goût – c’est que, d’après 360°, une enquête aurait été ouverte par les autorités de la ville afin de résoudre cette scandaleuse affaire de désacralisation homosexuelle.

Un second restaurateur aurait même proposé ses pinceaux tout ce qu’il y a de plus hétéro à la paroisse pour re-restaurer gracieusement les virils traits du prêtre franciscain et effacer l’humiliant blasphème qu’il a subi des mains de l’artiste qui l’a précédé. Prions donc Sainte Rita, patronne des causes désespérées, pour ces pauvres brebis égarées dans leur misogynie et leur homophobie.