3 questions à Olivia, militante du Genepi, sur la situation des personnes LGBT+ en prison

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Pourquoi le système carcéral est-il un vrai enjeu des luttes LGBT+ ? Olivia, militante au Genepi, et chez FièrEs, répond à nos questions.

Genepi
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Olivia est militante dans l’asso lesbienne, bie, féministe, radicale et révolutionnaire, FièrEs. Mais pas que. Elle est également activiste anti-carcérale, et s’est engagée comme bénévole chez le Groupement étudiant national d’enseignement aux personnes incarcérées : le Genepi. Pour elle, mettre fin au patriarcat et au capitalisme est une nécessité afin de venir à bout de la prison telle qu’elle est actuellement, et toutes les violences qu’elle charrie, notamment pour les personnes racisées, et LGBT+. Rencontre.

En quoi le système carcéral est-il préoccupant en France ?

Olivia  : Très concrètement, en France, il y a peu de considération pour les personnes détenues. Le taux de surpopulation est synonyme de matelas au sol dans des cellules de 9m2, occupées parfois par 4 personnes. S’ajoutent à cela l’insalubrité, le manque de soins médicaux, les faibles perspectives d’avenir… Plus largement, le système carcéral canalise des formes d’oppression qui lui permettent d’exister. Il est donc important d’interroger cette institution au prisme des luttes anticapitaliste, antiraciste, antisexiste, LGBT+, et j’en passe. Par exemple les personnes détenues, majoritairement des jeunes hommes racisés, sont une main d’œuvre à très bas prix pour de grandes multinationales.

Quelles sont les situations particulières des personnes LGBT+ en prison, les enjeux pour elles et eux ?

O. : Les personnes LGBT+ y sont stigmatisées et violentées comme à l’extérieur. Quand elles ne retournent pas au placard en entrant en détention, elles se retrouvent seules et isolées. Les personnes trans en particulier : elles sont régulièrement mégenrées par le système judiciaire et placées dans le mauvais quartier ou établissement. Un « quartier trans », à savoir un quartier d’isolement avec une limitation extrême d’accès aux activités et aux contacts humains, est aménagé à Fleury. Le but officiel de ce quartier est de « protéger » les femmes trans qui y sont détenues. Mais ces femmes sont stigmatisées, elles ne peuvent pas aller aux ateliers de travail et n’ont parfois pas accès à leur traitement hormonal. 

Comment les individus, collectifs et assos LGBT+ peuvent-elles aider à améliorer la situation de leurs pairs, qui attendent derrière les barreaux ?

O. : Prendre contact avec les associations qui leur rendent visite, les soutenir et suivre leurs activités, est une aide très concrète et précieuse. Acceptess-T ou le PASTT par exemple rendent visite aux femmes trans incarcérées à Fleury régulièrement. Des militant.e.s LGBT+ du Genepi s’emparent également de ces questions. Aussi, on peut écrire à ces détenu.e.s afin de leur apporter du réconfort et du soutien. Les associations citées ont des adresses qu’elles peuvent communiquer. Enfin, il faut dénoncer sans relâche les conditions d’incarcérations des personnes LGBT+ et lever le tabou.